« Jamais je n’avais senti, si avant, à la fois mon détachement de moi-même
et ma présence au monde », Albert Camus.
La question de l’expatriation qu’elle soit à des fins humanitaires, personnelles, familiales, professionnelles … s’est considérablement développée au cours du temps avec l’évolution de la technologie et l’essor de la mondialisation. L’expatriation constitue à ce jour une donnée clinique particulière, auxquels les professionnels de la santé s’intéressent depuis une vingtaine d’années environ. J’ai pour ma part réadapté ma pratique professionnelle ces dix dernières années et proposé des supports alternatifs pour mes patients sur le départ, le suivi psychologique dans le pays d’origine et dans la langue initiale demeurant un support d’accompagnement rassurant pour le futur « expat ». Progressivement de nouveaux patients que je ne connaissais pas au préalable, expatriés depuis plusieurs mois ou années, se sont joints à ma patientèle, venant étayer l’idée d’une généralisation du phénomène et du besoin grandissant de soutien psychologique dans cette situation.
Les termes « expatrié » (loin de la patrie), et « patrie » (pater = le père) rendent compte d’une dimension psychologique qui était méconnue jusqu’ici : la perte des repères internes (intimes) dans le contexte particulier d’une expatriation, laquelle a une influence plus ou moins sévère et douloureuse en fonction des ressources spécifiques des personnes (capacité d’adaptation et résilience) et de la façon dont l’aventure se déroule (préparation, culture, maitrise de la langue, connaissances et amitiés…). C’est la raison pour laquelle, nous, cliniciens, nous penchons de façon sérieuse sur la façon de bien/mieux accompagner ce nouveau profil de patients francophones.
L’Expérience de l’Expatriation : le profil des patients
Je ne résiste pas, dans un premier temps, au plaisir de vous faire partager ce qu’exprime l’artiste sculpteur, Bruno Catalano, voyageur exilé du Maroc pour la France et qui ne cesse de représenter des hommes marchant contre l’adversité, une valise à la main, contenant l’immensité du monde et les souvenirs qui l’accompagnent. A chacun de ses voyages, une part de soi est laissée sur place, et symbolisée par l’espace délibérément marqué en son sein. Il s’adresse ainsi aux personnes désireuses de trouver ailleurs le bonheur, celui qu’ils n’ont pas réussi à atteindre…
Dans le cadre de ma pratique clinique, les patients, toutefois, ne se ressemblent pas, de nombreux facteurs contextuels, psychologiques et familiaux sont souvent impliqués. Qu’il s’agisse d’homme, de femme, de couple ou de famille, je pourrai à ce jour mettre en relief quelques lignes plus fortes se dessinant à travers les profils que j’ai pu rencontrer et accompagner :
- Certains de mes patients ont souhaité tout quitter, comme pour se faire peau neuve, certains donneraient raison à Montaigne quand il nous dit : « je réponds ordinairement à ceux qui me demande raison de mes voyages, que je sais bien ce que je fuis, et non pas ce que je cherche… »pour notamment se défaire de schéma émotionnels et familiaux toxiques… et d’autres plus indulgents parleraient de « viser un nouveau départ », peut être aussi, mieux se chercher pour se retrouver indépendamment des sillons et schémas passés. Lorsque le suivi prend fin, j’ai parfois quelques nouvelles disparates, comme pour baliser l’empreinte de leur vie passée, et symbolisée le travail thérapeutique offrant un fil conducteur à cette expérience de vie. Car finalement, ce que ces patients finissent toujours par découvrir et éprouver, c’est qu’il n’existe nulle possibilité d’ajourner son passé, si le contexte peut s’avérer plus favorable à l’épanouissement personnel, c’est toutefois à travers leur histoire que s’écrit et se pense leur existence à venir.
- D’autres personnes partagent l’idée d’Oscar Wilde selon laquelle : « il faut toujours viser la Lune, car même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles ».Ils recherchent l’expérience immersive pure, qui vise à mettre à profit leurs capacités ré-adaptatives sur place : « on verra bien en arrivant ». Il s’agit généralement de grands aventuriers prêts à se mettre en condition plus extrêmes, se connaissant bien et ayant acquis une grande confiance en eux, fruit d’une assise narcissique solide, parfois renforcée par le travail psychique, ils sont devenus plus forts.
- Pour d’autres patients, il s’agira davantage d’une épreuve de vie, visant à se prouver à soi-même : que l’on est capable de regagner une autonomie physique, psychique et/ou émotionnelle. Souvent conquis par cet adage : « la peur n’évite pas le danger », ils se sont risqués avec grand courage pour l’aventure. L’expérience de transformation a alors agit comme une catharsis : véritable renaissance à soi. Les enjeux psychiques et émotionnels sont aussi déstabilisants que porteurs de renouveau. Lorsque les angoisses ont pu être surmontées, la confiance en soi et le sentiment de liberté personnelle se sont déployées dans un nouvel équilibre, fortifiant et modifiant à jamais les repères intimes.
- D’autres, enfin, doivent faire l’expérience d’une nouvelle vie, à laquelle ils n’étaient pas nécessairement enclins ni préparés (suivre le conjoint dans un contexte professionnel ou autre). Le désir et la motivation n’agissent pas comme moteur de cette nouvelle approche de vie et les tenants et aboutissants de l’expatriation se découvrent, s’appréhendent, parfois se vivent comme une frustration subie. La déconvenue est au rdv de même que la remise à zéro de la vie passée, des compétences… Ce qui rendait « fort » et donnait l’impression d’une maitrise de soi et de sa vie par le passé est à redéfinir, car aujourd’hui les repères sont nouveaux, parfois très éloignés de ceux originels et éprouvés d’une toute autre façon. Il faut se reconstruire, dépasser les blocages ou le sentiment de perte et créer de l’opportunité (compétences secondaires) face à cette nouvelle expérience afin qu’une issue plus favorable à l’expatriation s’entrevoit, ce que le travail psychique, dans la rééquilibration qu’il propose, a également pour dessein maturatif.
Il est entendu que les expatriés forment une communauté, petit village qui se compose tel un patchwork de personnalités, de vies, de postures au monde… qui s’assemblent mais qui ne se ressemblent pas nécessairement, un réseau se tisse artificiellement, au gré du hasard et surtout par nécessité dans un premier temps. Certaines rencontres sont formidables et très heureuses tandis que d’autres plus hasardeuses n’emportent pas l’adhésion, ni l’unanimité. Car finalement, c’est plutôt le contexte qui rapproche ces personnes entre elles, ces expatriés qui vivent une situation hors-norme, « extraordinaires » au sens lexical du terme et qu’elles ne peuvent finalement partager qu’avec très peu de personnes.
Les questions logistiques et culturelles, le partage de la vie dans la nouvelle communauté et le pays, la transmission du vécu et de l’expérience … demeurent limités à ce microcosme, laissant finalement peu de place à une libre parole, un lien sincère, véhiculant l’image idyllique d’une vie qui s’avère finalement peu maitrisable et bien souvent très éloignée de l’image idéalisée que l’on s’en faisait… Elle laisse souvent place à une réalité perçue comme tout au mieux inconfortable, déstabilisante, voire décevante, dans un premier temps tout du moins.
Les amis, la famille et toutes personnes qui tenaient place de référence sur le plan émotionnel … sont maintenant loin de cette nouvelle vie. Le vécu de l’expatriation est bien souvent ressenti comme incommunicable, car insaisissable par celui qui ne vit pas ou ne se retrouve pas dans la même situation.
Dès lors, « se séparer de sa terre » plonge dans la solitude, il s’agit de revenir à soi, de se faire confiance et de puiser en des ressources nouvelles pour vivre cette mutation plus sereinement, en somme : faire preuve de résilience. Cela implique donc un travail d’introspection qui se traduit par la traversée en soi-même de plusieurs phases psychiques (travail du deuil caractéristique) qu’il convient d’identifier, d’accepter et parfois d’accompagner. Le suivi psychologique de mes patients expatriés a souvent eu pour visée de compenser et/ou de devenir l’un des garants de l’équilibre individuel et familial. Il permet notamment de s’affranchir de ses propres limites, pour arpenter et prendre le risque de découvrir d’autres aspects de sa personnalité et de ses compétences. Car finalement n’a de limite que celui qui se les pose, et ce n’est qu’à ce prix (sortir de son confort et de ses habitudes) que l’expatriation peut trouver une issue favorable, ouvrant dès lors la voie à de nouvelles opportunités psychiques insoupçonnées.
Les facteurs fragilisants de l’expatriation : manifestations et symptômes
Un sondage réalisé sur environ 350 expatriés en novembre 2012 a permis de mettre en lumière une hiérarchisation des difficultés majoritairement éprouvées et susceptibles de générer une baisse d’humeur expliquée psychologiquement :
- Dans 45% des cas, l’éloignement familial, le changement d’activité professionnelle (pour suivre le conjoint notamment) et l’impossibilité de faire scolariser ou garder les enfants (isolement en conséquence) en sont les principaux responsables. Certains « blues » se dessinent à l’occasion d’évènements de vie particuliers vécus en dehors de la sphère familiale et des repères habituels (grossesse, maladie, deuil) et peuvent également teinter négativement la vie de l’expatrié et de ses proches. A ce titre, le lien avec la famille restée dans le pays d’origine peut appuyer positivement le choix ou au contraire générer un vif sentiment de culpabilité (sentiment abandonnique de part et d’autre notamment).
- L’influence de l’environnement sur la vie d’expatriation (choc culturel, frustration de ne pouvoir voyager librement, pays à culture misogyne, ou bien impliquant des problèmes de sécurité, barrière de la langue et manque de communication finissent par générer une dévalorisation de soi, un manque de confiance en ses capacités…) se révèle également comme facteur déstabilisant dans 40% des cas. Cliniquement, le choc de deux cultures apparait d’autant plus anxiogène si la culture d’accueil se trouve très éloignée de celle originelle. Dès lors, les conduites adaptatives seront davantage recrutées et nécessiteront des efforts plus importants pour s’acclimater. Les ressources personnelles sont véritablement mises à contribution et demeurent très hétérogènes en fonction de la personnalité et de l’histoire de chacun. Le manque de préparation face à cette expatriation compte également pour beaucoup dans les facteurs de vulnérabilité avec le risque d’une prise de conscience tardive des implications personnelles, familiales, matérielles, logistiques, émotionnelles… qu’elle implique sur la vie quotidienne.
- Le climat joue également un rôle important sur le moral, dans 25% des cas : trop de chaleur et d’humidité dans les pays tropicaux, ou bien les hivers avec un manque indéniable de lumière et qui n’en finissent pas et dans 20% des cas, la solitude générée par le conjoint trop absent peut également en être l’un des acteurs.
- « Il n’est rien de plus beau que l’instant qui précède le voyage, l’instant où l’horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses ». Milan Kundera nous parle ici du rêve que représente le voyage et de ce qui se fait le lit aussi du plus insidieux en chaque expatrié, et notamment du décalage qui existe entre l’idéalisation porteuse d’espoir et le vécu réel de fragilisation faisant suite à ce déracinement (perte de repères profonde). Il demeure alors difficile de reconnaitre que ce choix, avec tous « les dits avantages » qu’il promettait, génère un tel sentiment de crise. Comment admettre et dire son mal être alors que tout - sur le papier - avait l’air si magique voire enviable ! L’incommunicabilité du ressenti majore alors le malaise et peut déboucher sur une véritable crise psychique.
A tous ceux qui envient cette vie « idyllique » d’expat ou qui la vivent avec l’unique sentiment de vivre une existence privilégiée, il me semble important de rappeler que toute situation générant un profond changement se traduit par des fluctuations de l’humeur, cela est la marque d’un changement perçu et mentalisé. Ne rien vivre sur le plan émotionnel indiquerait que toute expérience est placée sur le même registre, qu’aucune nuance ne peut être perçue, laissant place au déni et à ses conséquences sévères au long court.
Par ailleurs, la situation matérielle des nouveaux expat n’est pas toujours aussi enviable qu’il y parait. Le confort financier sur des missions multiples notamment avec une alternance de retours et de départs sur des périodes courtes (3 à 5 mois maximum) n’est pas toujours assuré. Enfin, les avantages matériels s’ils sont présents, ne sont pas toujours enviables pour autant en fonction des destinations et des contraintes. Soyez donc indulgents, envers vos collègues, famille, et amis expat, soyez bienveillant avec vous-même surtout, chacun doit vivre cette expérience avec la mesure et le recul qu’elle impose.
La plupart du temps, les symptômes s’invitent de façon physique en réveillant les fragilités psychosomatiques déjà connues, il peut s’agir de pathologies digestives, dermatologiques, de conduites addictives, troubles alimentaires… mais aussi psychologiques : comme les troubles de l’humeur, crises d’angoisse, sensation de dépersonnalisation (perte de repères profond), dépression et dans des certains cas bien plus rares des décompensations psychiques pouvant faire émerger un trouble psychiatrique latent. Plusieurs auteurs ont tenté de modéliser les impacts émotionnels communs aux expatriés à travers ce graphique, pour lequel je propose un decryptage :
COURBE DES CHANGEMENTS ÉMOTIONNELS EN EXPATRIATION
La première phase de découverte ouvre la voie à l’enthousiasme : le dynamisme, l’intérêt et la curiosité l’emportent. L’expatrié ressent un premier mouvement positif, se sentant acteur de sa vie, il en contrôle les tenants et aboutissants, il se sent fort et excité par cette nouvelle aventure. Le choc culturel et la brutalité de cette nouvelle réalité avec les remaniements psychiques et adaptatifs qu’ils vont supposer ne sont pas encore véritablement perçus. Pour certains expatriés, toutefois, en mission humanitaire au contact de la pauvreté, de la guerre ou confrontés à des sociétés aux règles particulièrement rigides ou devant faire face à des catastrophes naturelles, cette première phase est ajournée. Car leur nouvel environnement de travail nécessite de mettre en œuvre tout leur savoir-faire ainsi que d’expérimenterl’efficacité du travail spécifique pour lequel ils ont été missionnés, travail qui demeurera une source d’apprentissage et de concentration permanents (réadaptation interculturelle, rythme de vie et façon de penser nouveaux, dépassement du sentiment d’acculturation…).
Finie la « Lune de Miel », il n’aura suffi que de quelques semaines voire quelques jours seulement, pour que la prise de conscience de cette nouvelle vie apparaisse aux yeux de l’expatrié, mais davantage encore aux yeux du conjoint et des autres membres de la famille, lesquels sont d’emblée et directement confrontés à la vie nouvelle et aux difficultés que génèrent ce déracinement (langue, monnaie, course, codes sociaux, repères géographiques, administratifs, organisationnels, culturels, isolement voire solitude…). Le conjoint expatrié qui rejoint une entreprise sur place fait également l’expérience de nouveaux repères professionnels et culturels certes, mais ce n’est pas la même réalité … Cette dichotomie d’expérience et de vécu face à l’expatriation peut devenir rapidement porteuse d’incompréhension, de sentiment d’abandon, voire de conflits au sein du couple et de la famille nouvellement arrivés sur de nouveaux territoires. La déception, la crainte, le malaise peuvent alors survenir à la hauteur de l’idéalisation que cette nouvelle vie avait cristallisée avant le départ. Le retour à la condition originelle n’étant pas envisageable. Aussi, un moment délicat s’impose et nécessite de traverser, tel un endeuillé, des phases psychiques repérables telles que la colère, la tristesse, parfois même la culpabilité, le désespoir et la résignation.
Cette « étape de désillusion / désorientation »fait mention du décalage entre l’imaginaire idéalisé lors du départ et les réalités du terrain. L’enthousiasme s’estompe. Cette étape, deloin la plus anxiogène, mobilise les ressources du sujet, et s’avère être une phase décisive puisqu’elle influencera la poursuite ou non du projet. Elle correspond à l’étape clef du changement de vie qui ouvre à la transformation. Certains expatriés connaissent une adaptation plus évidente tandis que d’autres éprouvent un malaise plus profond qui se repère à travers des troubles du sommeil, une dépression, un burn-out, des crises d’angoisse, une perte des repères sociaux et phobies sociales, un changement d’humeur, troubles psychosomatiques…
Toutefois, le travailleur expatrié se doit de tenir ses engagements professionnels, il est attaché par des exigences d’efficacité et doit tenir ses objectifs. Et pour ceux qui l’accompagnent, le malaise ne doit pas trop retentir de crainte de montrer une certaine faiblesse et de remettre en cause le projet initial. L’expatrié et/ou sa famille devront alors tenter de retrouver un nouvel équilibre face à ces nouvelles contingences qu’ils découvrent peu à peu et encore une fois de façon asymétrique. Le but de cette transformation est de réduire progressivement cet écart incontesté entre imaginaire et réel. Le temps de l’acceptation et de la réadaptation s’engagent à travers la remise en perspective de ses convictions et valeurs personnelles profondes. Le travail d’introspection est en œuvre et ouvre la voie aux remaniements psychiques profonds
La dernière étape est celle de « l’inculturation », définie comme un « processus de contacts et d’interpénétration entre des cultures différentes » (Materne, F. (1995). Selon l’auteur, le travailleur va se construire de « nouvelles références à partir de ses convictions mûries et recentrées par rapport à l’expérience de terrain ». Tandis que l’expatrié mobilise des ressources nouvelles en faveur de nouveaux projets plus en adéquation avec la réalité de terrain, et bien qu’il soit toujours perçu comme un étranger, il aborde sa vie comme un hôte partenaire au pays d’accueil, devenu susceptible d’apporter sa pierre à l’édifice. Cette nouvelle alternative porteuse d’un regard nouveau permet l’avènement de nouveaux positionnements psychiques tels que l’assimilation, la séparation, l’intégration ou encore la marginalisation, en fonction, une fois encore, des ressources personnelles inhérentes à chaque expatrié.Progressivement, un ajustement s’établit vis-à-vis du pays, les expatriés ont établi de nouveaux repères et se sentent bien dans leurs nouveaux projets, environnement culturel et social. Ils peuvent ainsi profiter pleinement de leur expatriation.
A la lecture de cette courbe et du suivi psychothérapeutique que je propose tous contextes confondus depuis une quinzaine d’années, les changements émotionnels, auxquels sont confrontés les patients « expat », ne génèrent pas plus fréquemment d’impact traumatique. L’expatriation expose à l’inquiétude, aux angoisses face à une situation de changement et de situation nouvelle à laquelle la personne doit faire face comme cela est également le cas lors des déménagements, des divorces, deuils…
L’expatriation a toutefois une spécificité : celle de priver des repères culturels et personnels qui seraient à même d'aider à surmonter l'épreuve et/ou d'alerter sur le développement d'un état psychique inhabituel.
Voici la raison pour laquelle « bien se connaitre » devient un atout indispensable à la reconnaissance d’un mal être qui pourrait se prolonger ou devenir trop profond. Cet état doit vous alerter et vous faire prendre la mesure de ce qu’il implique. Se laisser plonger dans le désarroi trop longtemps n’est pas nécessairement une bonne décision, il sera alors nécessaire d’accepter son état et le besoin d’aide qu’il nécessite, en faisant appel à un psychologue ou psychiatre le cas échéant. Il existe aussi, fort heureusement, des facteurs soutenant et favorisant à l’incontournable « chrysalide psychique » que l’expatriation implique.
Les facteurs intégratifs et ré-adaptatifs propices à la réussite d’une expatriation
De mon point de vue, la réussite d’une expatriation s’évalue par la capacité d’adaptation du sujet en terre inconnue, en ce sens qu’il accepte de modifier ses schémas passés, internalisés et liés à sa culture originelle, pour les dépasser et en embrasser de nouveaux qui enrichiront par la même son nuancier émotionnel, psychique et intellectuel. Il s’agit avant tout d’une expérience humaine entre soi et les autres, mais avant tout avec soi-même !
1. Pendre conscience des enjeux de l’expatriation : se préparer en amont
Bien que l’expatriation émane souvent d’une alternative à la vie professionnelle, d’un désir individuel de changement ou d’une opportunité de vie nouvelle, lorsque cette option se concrétise dans le cadre du couple ou d’une vie familiale déjà établie, elle implique cependant tous ses membres.
DEFINIR UN PROJET
De par ma pratique clinique, je rappelle en premier lieu la nécessité absolue de construire un projet commun et individuel pour chaque membre de la famille afin que cette expatriation ait du sens et que chacun en ressorte grandi et enrichi.Ce peut être vivre une expérience scolaire nouvelle, apprendre de nouveaux codes culturels et la langue du pays, transmettre une compétence spécifique profitable aux habitants, se former dans une discipline propre au pays... L’une des erreurs qui constitue une source de déprime ou de conflit, selon mon expérience professionnelle, se confirme par le sentiment de vide ou d’inutilité face à un projet établi en solo et dans lequel l’autre ne se retrouve pas nécessairement.Pour exemple, accompagner son conjoint expatrié sans autre projet que de le suivre est inévitablement dépressogène et aura pour conséquence une perte d’estime de soi.
PLANIFIER SON ARRIVEE
D’un point de vue logistique, en cas de départ en famille, se rendre sur place en solo dans les premières semaines pour préparer l’accueil de celle-ci apparait comme autant d’aménagements rassurants et confortables pour tous (logement, école, garde de l’enfant). En cas de besoin, des compétences professionnelles spécifiques ou complémentaires doivent être acquises avant de débuter le travail sur place, afin de confirmer la plus-value professionnelle et d’arriver sur le pays d’accueil avec un sentiment de maitrise, au moins dans l’un de ses aspects.
S’OUVRIR A LA LANGUE
Préparer son expatriation suppose également de connaitre certains aspects importants du pays comme la langue. Le pronostic d’une meilleure intégration correspond à la capacité et à la motivation du sujet pour communiquer avec les habitants, et donc d’apprendre la langue orale et écrite (cours, immersion…). Un cours de langue débuté avant le départ peut également faciliter les premiers contacts sur place. Tout doit être mis en œuvre pour ce faire. Cela constitue la base de l’autonomie, de la vie en collectivité, d’une vie plus douce et d’une intégration plus rapide et harmonieuse sur place.
Les expatriés qui ne parviennent pas à s’impliquer dans la langue du pays d’accueil témoignent d’une certaine résistance au changement et s’opposent inconsciemment à ce projet. C’est d’une certaine façon la marque d’un deuil impossible avec l’existence passée, d’une impossibilité à s’ouvrir à cette nouvelle vie, tel un amoureux dont on ne peut se détacher psychiquement, tel un deuil d’une personne très aimée de laquelle on ne saurait se détourner pour vivre de nouveaux moments joyeux à l’avenir.
La langue c’est aussi une question d’identité, ce qui nous fonde au monde et nous rappelle d’où l’on vient, nos origines. Certaines personnes, en renonçant à leur langue maternelle, ont alors le sentiment coupable de s’en détourner au profit d’une autre. Cela peut renvoyer en écho à des situations psychiques et familiales douloureuses et ainsi les réactiver (par déplacement psychique). Car s’adapter et accepter de vivre une nouvelle expérience c’est aussi faire de ses repères passés un travail de rééquilibration, cela nécessite d’en conserver certains et de renoncer à d’autres… Et certaines personnes vivent ce mouvement psychique comme une perte ou un abandon insurmontable, vecteur de culpabilité.
Si cette situation psychique ne peut être dépassée, le huit clos et la dépression en seront les marqueurs jusqu’au retour dans le pays originel, avec ce que cela comporte de sentiment de perte et d’inutilité sur ce temps passé en expatriation.
CULTIVER L’OUVERTURE D’ESPRIT
Selon Marcel Proust, « le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux ».
Se renseigner en amont, pendre des informations auprès de collègues ou de référents, rejoindre des associations d’expatriésrevenus ou disponibles en visio-conférence pour transmettre et partager l’expérience vécue seront des outils considérables qui permettront de gagner du temps et d’éviter de commettre des erreurs importantes lors de son emménagement.
En fonction des cultures, le gap peut être plus ou moins fort en matière de religion, modes de pensée, mœurs et coutumes, valeurs morales et les comportements et codes sociaux sont à prendre en compte. L'ignorance socio-culturelle, des mentalités, des habitudes et réactions dans le pays d'accueil et la méconnaissance de ses données culturelles peuvent constituer un handicap majeur, en ce sens qu’elle peut donner lieu à de véritables quiproquos, à la sensation d’être agressif aux yeux d’autrui ou de recevoir de l’agressivité…prolongeant ainsi le sentiment de solitude et d’incompréhension.
Par ailleurs, il est essentiel de rester humble, en considérant être un hôte sur une terre d’accueil plutôt que de blâmer les us et coutumes d’autrui. Il peut parfois être difficile de lutter contre ce premier mouvement psychique (mécanisme de rejet), très naturel qui consiste à exclure ce qui n’est pas familier à soi. Chaque humain lutte spontanément contre le changement et la nouveauté, dans un contexte de survie, cela lui permet de mettre de la distance et de gagner du temps pour mieux évaluer les tenants et aboutissants de cette modification de cadre de vie pour lui. Il gagne du temps et peut mieux maitriser ce qui se joue autour de lui.
Rester ouvert et tolérant, observer sans juger et adapter son comportementse traduit donc par un tour de force vis-à-vis de son instinct premier… Si les habitants et la vie au pays ne correspondent pas du tout aux attentes de l’expatrié c’est qu’il a encore des difficultés à dépasser son malaise et les critiques adressées en sont le témoin privilégié. Seuls les aspects négatifs de la culture sont retenus, ceci se faisant l’écho de tout ce qui a été perdu en retour et ce dont l’expatrié ne pourra se consoler. Cette hyper-focalisation sur les éléments négatifs et manquants ne fera qu’intensifier le désarroi et freiner l’intégration. Or, il est absolument essentiel d’y travailler de façon respectueuse (vêtements, langage, attitudes, respect des lois et coutumes..), dans la mesure où cela s’avère l’un des déterminants majeurs de bonne entente et de meilleure adaptation sociale pour la suite. La curiosité et l’intérêt pour autrui sont des marques positives que les habitants apprécient, ce contact personnalisé permet d’apprendre plus vite la façon dont les personnes vivent et se comportent, cela donne l’assurance de faire moins d’impairs et de s’adapter plus vite. Les personnalités empathiques ont dans ce contexte des facilités à communiquer, comprendre et adapter leurs attitudes, elles permettent d’assouplir le comportement de leurs proches et d’autrui en faisant médiation, ce qui s’avère être une qualité humaine très précieuse.
Par ailleurs, il est important d’anticiper et prévenir l’isolement par des contactsainsi qu’un accès à l’information(journaux, radio, télévision, ordinateur avec consultation en ligne, mise en place du réseau internet…) et de pratiquer des activités sportives, artistiques, de détente(journaux, peinture, lecture, musique, films DVD). Le pays d’origine manque souvent et un lien avec les proches pour se tenir au courant de l’actualité sociale, politique, sportive, et familiale demeure essentiel. Les cercles et associations d’expatriés, de même que les sorties avec des collègues d’autres organisations, des amitiés nouvelles avec les personnes rencontrées sur place étrangères ou francophones font aussi évoluer le regard sur le pays et sur soi-même.
RESTER GARANT DE SA SANTE
Les personnes se préparant pour une expatriation sont responsables de leur santé et doivent rester à l’écoute des éventuels changements de comportement qui pourraient survenir en eux.
Un bilan médical complet avant le départ à l’étranger est préconisé et c’est au médecin d’évaluer l’état de santé physique et mental de son patient.
Une information personnalisée quant aux risques pour la santé physique et mentale est à rechercher, de même que la façon de faire face aux possibles difficultés liées à un séjour à l’étranger (stress de base et cumulatif, cf. tableau).
A toutes fins utiles, il est important de disposer des coordonnées de son ambassade dans le pays de destination et de s’informer sur les services médicaux disponibles. La nécessité de souscrire une assurance spécifique, surtout hors Union Européenne, doit être étudiée avant le départ : une mutuelle santé dans le pays de destination permet d’être couvert en cas de souci médical et surtout de faciliter le rapatriement si nécessaire.
Il est probable qu’en cas de maladie psychiatrique sévère ou non compensée, le médecin déconseillera le départ. Si cela reste compatible, le patient doit pouvoir le contacter durant son séjour à l’étranger et mettre en place un suivi psychologique/psychiatrique sur place ou bien avec un professionnel maitrisant les consultations à distance (visio-conférence avec les supports Skype, Facetime, WhatsApp…).
Au retour d’expatriation, l’état de santé physique et mentale du patient doit être réévalué, avec la poursuite si nécessaire d’un suivi spécialisé. L’avis du médecin sur une prochaine expatriation permet d’éviter que des personnes partent sans avoir résolu des problèmes organiques et/ou psychologiques, évitant ainsi d’être confronté à de plus grandes difficultés et de voir leurs symptômes se majorer.
2. Le rôle de l’entreprise
L’employeur se doit d’être le garant d’un accompagnement de qualité auprès de ses collaborateurs expatriés, notamment en matière de santé et d’information sur la mission. Lors d’un entretien préalable, le futur expatrié fait mention de ses attentes, tandis que l’employeur ne doit pas ménager la réalité du terrain qui l’attend, quitte à le décevoir. Une formation spécifique (mission professionnelle, vie culturelle du futur pays..) ou relative à la gestion du stress sur le terrain peut s’avérer pertinente en prévention de crises psychiques potentielle, une fois sur place.
Cette évaluation du collaborateur en amont est dès lors primordiale et le choix du lieu et du poste proposés pourra s’établir en fonction des capacités d’adaptation et de l’expérience antérieure. Il revient également à l’employeur d’identifier les structures sanitaires et hospitalières dans le pays d’accueil et de couvrir le rapatriement en cas de nécessité. Tout le temps de l’expatriation, le supérieur hiérarchique doit s’assurer par un contact régulier du bien-être de son collaborateur, reconnaître le travail effectué et apporter un soutien spécifique si nécessaire. Parallèlement, l’amélioration des conditions de vie grâce à la mise à disposition du logement, la facilitation de l’accès aux communications et aux moyens de transport, joue un rôle important dans la capacité à gérer le stress lié à l’expatriation (stress de base, cf. tableau).
De même, en fonction des difficultés du travail et des conditions de vie et sécuritaires, des périodes de récupération sont aménagées pour éviter un stress cumulatif (cf. tableau). Dans le cas exceptionnel de problèmes majeurs physiques et/ou psychiatriques, ou d’un stress post traumatique, l’employeur se doit de rejoindre son collaborateur sur place avant un possible rapatriement.
Au retour de l’expatriation, la dimension somatique et psychologique ne doit pas être banalisée au moment du débriefing professionnel relatif à la mission. Le temps de latence entre deux missions d’expatriation ne doit pas s’envisager avantcinq à six semaines afin de pouvoir récupérer et assurer un nouveau départ en pleine forme. Toute nouvelle destination doit tenir compte des antécédents et du vécu de la dernière expatriation (plus-value d’expérience et de compétence, capacités ré-adaptatives, difficultés rencontrées et plus ou moins bien négociées). L’employeur doit également considérer la situation particulière de ses collaborateurs et aider à la reprise du travail au sein du pays originel si besoin.
3. L’entourage et la vie sociale
LES ENFANTS
Les enfants sont des facteurs d'intégration positifs par essence, dans la mesure où les rencontres avec de nouvelles familles sont plus évidentes et facilitées lorsqu'ils sont en âge d'être scolarisés. Les enfants s’intègrent naturellement auprès de leurs pairs et rencontrent également de nouveaux camarades lors d’activités communes externes à l’enceinte scolaire. Le pronostic d’intégration est plus vite garanti dans ce contexte. Les femmes « mère au foyer » ou hommes « pères au foyer » qui suivent leur conjoint(e) ont l’opportunité de rencontrer d’autres personnes dans la même situation. Cela offre davantage de possibilités d’échanger, de transmettre, de ressentir des émotions communes. Les enfants facilitent les liens, donnent des opportunités de rencontres.
Les enfants sont également très porteurs de dynamisme, leur candeur face aux situations apportent une certaine légèreté, ils se réadaptent globalement mieux que les adultes, les repères se structurant plutôt autour de leurs parents et moins en relation au contexte externe à la vie familiale. Si les parents vont bien, les enfants suivront naturellement. Ils sont également bien éloignés des contingences matérielles que rencontrent leurs parents ce qui leur assure un bon moral plus constant tout au long de l'expatriation.
Symboliquement, les enfants assurent une continuité émotionnelle avec la vie passée et la vie future. Les parents peuvent également tenir le cap dans ce projet d’expatriation familiale de par l’opportunité que représente une telle situation pour leurs enfants. Ils se sentent fiers de leur permettre de vivre cette expérience extraordinaire que peu de personnes ont la possibilité d’entreprendre, ce qui tisse une relation proximale et émotionnelle exceptionnelle entre chacun des protagonistes, et notamment entre les enfants et les parents, partageant un bout de vie particulier et hors du temps. Cette expérience essentiellement mesurable au retour sera teintée de nostalgie, mais surtout de souvenirs très intenses inégalés et inégalables.
Les AMITIES
Il apparait un point commun et crucial auquel tous mes patients expatriés ont pu faire référence au cours de leur aventure, celui de se faire des amis et de développer des relations sociales pour éviter l’isolement et le repli sur soi générateur d’angoisses et propice à la dépression. En effet, nous sommes des êtres éminents communautaires. Lorsque nous sommes privés de notre contexte habituel, de notre famille, des proches, nous ressentons le besoin inexorable de tisser un nouveau réseau social pour communiquer. Le lien à autrui nous permet d’échanger sur nos pensées, vies et expériences vécues. Finalement, très peu de personnes acceptent ou prônent l’isolement social total. Dès que les relations se développent de nouveau, le moral revient très rapidement ! Alors consolez-vous avec cette tirade de Paul Morand : « Voyager c’est être infidèle. Soyez le sans remord, oubliez vos amis avec des inconnus ! »
4. Connaissance de soi et Résilience personnelle
« Le voyage c’est aller de soi à soi en passant par les autres », proverbe Touareg.
Incontestablement, la connaissance de soiparticipe aux facteurs bénéficiant à la réussite d’une expatriation. Car c’est avant tout son identité profonde qui est mise à l’épreuve.
La résilience, concept décrit par Boris Cyrulnic, (capacité à trouver des ressources psychiques insoupçonnées en soi, à rebondir plus loin en situation de crise psychique) est fonction de notre histoire et de notre patrimoine personnel.
Les chercheurs en clinique traumatique ont pu mettre en évidence des facteurs individuelstels que l’optimisme, la confiance en soi, l’humour, la sociabilité, l’empathie, toute qualité humaine susceptible de prendre de la distance émotionnelle face aux événements de vie. Les facteurs familiauxapparaissent également comme facilitant dans l’enfance lorsqu’elle a été teintée de rapports affectueux et d’amour, de soutien et de notion d’unité familiale. Les facteurs environnementaux et contextuelsen dehors du cercle familial tiennent également une place importante et font office de soutien face à l’adversité.
Ces différentes caractéristiques influencent positivement la qualité de l’estime de soi(valeur personnelle) qui aura un impact essentiel sur la façon de percevoir l’expatriation. Si cet atout est présent il ne s’épuise jamais, ni ne devient obsolète, il constitue en cela un véritable atout !
Parallèlement, les qualités secondairesd’un individu (goût et intérêt) peuvent être mises à profit sur la compétence primaire (métier exercé officiellement dans le pays d’origine), pourvu que cette personne sache faire preuve de souplesse psychique et qu’elle ne s’impose aucune limite. Les qualités liées à la langue (professeur de littérature, manager…) dans le pays originel peuvent par exemple laisser place aux activités secondaires (cuisine, jardinage, art-thérapie, masseurs, artiste...) que l’expatrié appréhendera comme une opportunité à développer. L’être humain est en constante évolution, lorsqu’il acquiert la conviction d’une absence de fixité en toutes choses, il est en mesure de développer une perception de soi en mouvement. Cela fait de lui un être riche, capable d’affronter des situations complexes et susceptible d’apprendre quels que soient sa situation et son âge.
Ainsi, l’estime de soi et la souplesse psychique rencontrent l’idée de Boris Cyrulnic qui conseille de « se doter de tuteurs physiques (personnes) ou abstraits (projets, valeurs) susceptibles de nous alimenter affectivement », afin de poursuivre son chemin avec harmonie.
De la même façon, notons que le mot « crise » en chinois se définit par deux idéogrammes : l’un signifiant danger (wei) et l’autre signifiant opportunité et chance (ji), expression d’une sagesse qui consiste à choisir entre se laisser déborder par le danger ou bien prendre le risque de rebondir !
L’expatriation sera également plus ou moins bien vécue en fonction de ce qu’elle réactivera du vécu personnel, des blessures latentes et de leur intensité (sentiment abandonnique, de culpabilité, de dépendance affective, qualité de l’estime et de la confiance en soi …), mais aussi de sa capacité à vivre pleinement ses émotions et à les exprimer.
Finalement cette expérience qui perturbe les repères replonge immanquablement le sujet dans une certaine dépendance affective, relationnelle et réactive un sentiment de perte mais quoi de plus normal ? L’expatriation nous fait revivre plusieurs étapes de vie structurantes en accéléré :l’expérience du petit enfant en recherche de repères et qui a besoin d’autrui (références affectives stables) pour s’autonomiser en arrivant sur un territoire qui lui est étranger, la nécessaire prise de risque pour grandir et s’enrichir d’expériences nouvelles qui finiront par le rendre plus compétent (choisir un amoureux (se), se marier, les difficultés pour se réaliser professionnellement…) en embrassant une nouvelle culture et se laissant influencer par elle. L’expatriation trouve enfin son corolaire dans la parentalité à travers le projet même qu’elle symbolise au fil du temps, promesse d’une continuité, d’une transmission…participant ainsi à la renaissance et confirmation d’un nouveau soi !
Céline Bidon-Lemesle