Lorsque j’ai débuté ma carrière de Clinicienne et Thérapeute, je me suis toujours sentie spontanément plus à l’aise avec les adultes. Car la population des enfants requiert, de mon point de vue, une expérience clinique très pointue, ainsi que la capacité pour tout thérapeute de faire re-vivre en lui-même une certaine régression psychologique et émotionnelle pour appréhender et toucher au mieux le cœur des enfants, en consultation.
Pas si simple d’approcher et d’appréhender la psyché des plus jeunes sans risque d’adultomorphisme, et ce d’autant plus lorsque sa propre enfance a été émaillée de difficultés traumatiques et émotionnelles, comme 70% des psychologues d’ailleurs, problématiques qui ont plutôt donner envie de grandir vite, très vite, d’oublier même, pour devenir autonome et accéder à ses propres choix.
Je pense toutefois faire partie aujourd’hui de ces psychologues qui ont mérité leur place de thérapeute auprès des jeunes patients, à force de travail personnel sur soi et de l’émergence forcée de cette qualité, souvent galvaudée, appelée résilience.
J’aime beaucoup l’idée que ce qui a pu, par le passé, faire souffrance voire parfois handicap pour soi, s’est progressivement transformé en force et s’exploite, se transmet, se diffuse à meilleur escient, profitant maintenant pleinement à autrui, et ce dans le cadre d’une pratique clinique rigoureuse et encadrée.
Après dix ans de pratique de Clinicienne et l’avènement d’une vie de famille, j’ai fini par développer une certaine curiosité puis finalement appétence clinique auprès des plus jeunes, et c’est avec elle que j’ai réellement découvert et rencontré le pouvoir particulièrement magique et transformateur des mots.
Comme dans beaucoup de famille de ma génération, on lisait peu, on parlait peu, on se disait peu ce que nous ressentions.
Il m’aura donc fallu tout ce temps pour l’intégrer et comprendre l’effet hautement thérapeutique des histoires imaginées ou imaginaires qu’il suscite auprès des petits comme des grands d’ailleurs.
C’est décidé ! Ces mots ne me quitteront plus. Mon cabinet, à défaut d’être suffisamment baigné de lumière du jour, s’ouvre sur une bibliothèque pour enfants particulièrement dense et éclairante.
Petite anecdote, lorsque j’ai déménagé du bd St Martin pour la rue Sampaix, ma seule et immense inquiétude, qui a d’ailleurs bien amusé les déménageurs, était que mes livres se perdent d’une adresse à l’autre.
Les contes, toute une histoire…
Un livre c’est tout une histoire, une autrice, un auteur, qui a vécu, pensé quelque chose d’inédit, ressenti quelque chose de partageable et donné accès au plus grand nombre avec ses mots, son intelligence, sa sensibilité et sa passion.
Un conte, cela nous traverse, nous ressemble, nous questionne, nous permet d’entendre et de comprendre des choses qui étaient innommables, impensables jusque là et de leur donner enfin du sens.
C’est aussi une promesse d’identification, qui offre autant de soulagement, qui ressemble parfois à une métaphore qui brille au loin pour ramener vers soi, ou encore un symbole qui soutien et que l’on garde précieusement tel un talisman pour nous donner le courage dont on aura besoin dans les moments difficiles, ce peut être également une idée nouvelle qui apaise durablement le corps et le cœur et tant d’autres choses encore…
Parmi ces milliers d’acrobaties de lettres, d’enchaînements de mots les plus élaborés les uns que les autres, de phrases qui s’entremêlent et s’unissent, un seul son finira par retentir à la fin du conte : celui du Message thérapeutique qui résonne en soi et fait évidence pour tous, à l’unisson.
Oui, vous l’aurez bien compris, les contes pour enfants sont la ressource que j’ai découvert sur le tard et qui, aujourd’hui, constituent mon plus grand trésor thérapeutique.
Et comme je le dis souvent à mes patients : « à chaque problème, son histoire et sa solution ! »
L’Emdr, une pratique qui révolutionne la pratique des psychologues…
Flânant de découvertes en découvertes, le chemin clinique est parsemé d’étonnantes trouvailles, à qui veut bien le parcourir et l’explorer. C’est donc naturellement que mes pas auront fini par me conduire sur le sentier de l’EMDR, comme beaucoup d’autres praticiens avant moi.
Aidée par les livres, mes expériences cliniques multiformes et ma créativité sans limite à ce qu’en disent mes patients, j’ai longtemps usé d’imagination et stimulé l’imaginaire de mes patients pour les aider à se sortir de leurs impasses psychiques.
Certaines situations cliniques pourtant me semblaient incomplètes sur le plan thérapeutique voire même parfois insolubles.
Il s’agissait la plupart du temps de situations complexes générées par des traumas initiaux que je ne savais pas bien identifier, et vis à vis desquels j’avais moins de connaissance et d’outils cliniques à l’époque.
D’un naturel assez perfectionniste, il n’en fallu pas plus pour me lancer dans cette nouvelle aventure. Très vite, de nombreuses difficultés auxquelles j’étais confrontée avec mes patients adultes se levaient grâce à l’agrément de cette nouvelle technique accompagnant maintenant ma pratique clinique.
Mais l’EMDR si révolutionnaire pour les thérapeutes et les patients adultes, en ce sens qu’elle réunit harmonieusement la pensée, l’émotion et la sensation corporelle, là où elle n’accède qu’aux pensées et émotions dans le cadre d’une thérapie plus classique, n’est pas si aisée en pratique avec les enfants. Car rappelons nous qu’il ne suffit pas d’appliquer les mêmes techniques d’adultes sur les enfants pour obtenir les mêmes résultats. La clinique des enfants est très spécifique et requiert des ajustements et des connaissances complémentaires.
Rebelotte. Il m’aura donc fallu entreprendre un second cursus spécialisé EMDR enfant et adolescent pour ajuster le protocole, destiné et construit préalablement en direction des adultes par sa conceptrice : Francine Shapiro.
Aujourd’hui , lorsque je regarde du haut de ma montgolfière mon parcours clinique, (c’est l’image métaphorique que je propose à mes patients lorsqu’ils ont besoin de prendre du recul sur leur situation), je perçois de plus en plus de poupées russes cachées les unes dans les autres et qui sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets.
Je ne saurai vous dire à ce moment précis si mon sentiment se porte plus vers le vertige ou l’excitation. C’est aussi dans ces moments là que l’on comprend mieux la citation de Socrate : « Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien ».
Toujours est-il qu’il va falloir maintenant réfléchir, de poupée russe en poupée russe, à comment faire rimer « Conte avec EMDR » auprès de mes jeunes patients.
Comment faire rimer conte avec Emdr?
Comme explicité préalablement, le conte apparait comme l’un des outils les plus puissants pour faire passer des messages thérapeutiques aux enfants dans le cadre de la thérapie classique.
Sa nature même se compose d’outils de stabilisation identiques à ceux habituellement mis en œuvre préalablement à la thérapie TAI- EMDR. C’est probablement la raison pour laquelle ils sont si efficaces en leur base.
Voici par ailleurs une analyse de ce qui fait écho au conte comme aux différentes techniques d’EMDR ainsi que leurs interactions possibles durant le travail clinique auprès des enfants :
Les contes utilisent de nombreuses figures de style telles que des métaphores riches en sensorialité et émotions.
Elles permettent de diffuser du bien être, de faire rêver le lecteur et aussi de sublimer les conflits du protagoniste au sein de l’histoire.
L’outil de stabilisation en EMDR, comme le DIR ou Developpement de ressources internes est un procédé qui permet, à l’aide de SBA (stimulation bilatérale alternée) lentes, de surligner les qualités intrinsèques du patient et de faciliter ainsi l’accès aux expériences positives qu’il a inscrit en lui par le passé, et qui reémergent depuis ses registres somatique (sensation corporelle) et limbique (émotions).
Le DIR renforce les forces sous jacentes, du patient petit comme grand, qui avaient été mises en jachère. Revivre au premier plan ces qualités et/ou ces moments féconds et métaphoriques redonnent le sourire, appellent des représentations et des pensées personnelles sur soi plus positives, générant ainsi ce mieux être.
Les contes pour enfant s’appuient sur des figures symboliques émotionnelles fortes pour les enfants (Animales, végétales ou autres).
Ces figures symboliques animales (connues également sous forme de peluche, de Dessin animés..) traduisent chez l’enfant un caractère hautement identificatoire pour eux. Les histoires de Loup, de lapin, d’ours…sont autant de représentations indirectes de soi, qui résonnent et favorisent la prise de conscience pour le jeune protagoniste - jeune patient. Les animaux font office de « filtre » vis à vis de la censure psychique et permettent de passer plus facilement les messages. Ils sont amortis émotionnellement et donc plus facilement entendus et appréhendés.
Ces animaux offrent maintenant du sens et aident à mieux organiser les idées importantes ainsi qu’à les transmettre au jeune lecteur.
Ces attributions animales avec ce qu’elles représentent comme pouvoir réparateur pour l’enfant peuvent ainsi se décliner à travers de nombreuses applications de protocoles EMDR.
J’utilise très régulièrement dans le cadre de DIR (explicité ci-avant) « le totem animal » avec les enfants mais aussi avec les adultes. Ces figures symboliques et totémiques animales font office de très belles ressources que l’on peut implémenter durant cette phase de stabilisation, préalablement au retraitement EMDR.
Rappelons également que les animaux, dans la vie quotidienne de l’enfant comme de l’adulte assurent souvent un soutien sans faille à leur jeune maître, là où parfois les blessures d’attachement relationnelles parentales ont pu être particulièrement exacerbées et précoces. Dans ce contexte, les animaux font ressource et il est très utile de faire régulièrement appel à eux, également en relation avec le protocole des figures symboliques collées, explicitées dans le cadre du protocole d’Helene Dellucci, ou encore dans le cadre du dit DIR.
J’aime enfin développer les histoires narratives (dans le cadre du protocole EMDR établi par Marie France Gizard) auprès des parents et des enfants, en poussant les familles à faire l’enquête sur la famille d’animaux à laquelle leur enfant pourrait s’identifier ainsi qu’à leurs qualités dans le réel, qualités ou propriétés qui pourraient se faire l’écho et/ou solutionner la problématique de l’enfant.
C’est ainsi qu’un jeune garçon encoprésique hérita d’une famille marmotte championne du monde en lancer d’épreintes (selles des marmottes), ou encore un petit garçon abandonné par son père à la naissance fut associé à un lionceau, car tout le monde sait bien que seules les lionnes s’occupent de leur petit tandis que les lions regagnent solitaire leur savane, ou enfin un petit garçon phobique se faisant conter par ses parents l’histoire d’une meute de loups qui devait vivre ensemble faute de ne pouvoir survivre les uns sans les autres …
Développer l’imaginaire pour sublimer les épreuves de vie
Les contes anciens étaient particulièrement ardus question symbole et contenu. Rappelons qu’ils étaient d’ailleurs initialement destinés aux adultes, imitant l’idée judicieuse de La Fontaine qui utilisait les animaux dans ses fables pour se moquer en toute discrétion du Roi. Bettelheim a d’ailleurs traduit, dans l’un de ses ouvrages phare, ce que les contes de fée sous tendent d’un point de vue psychanalytique.
Lorsque l’on pense au petit poucet abandonné par ses parents, barbe bleue qui inceste ses filles, blanche neige qui manque de se faire assassiner par sa belle mère, la Reine des neiges (originelle) qui met sous emprise les enfants, la petite fille aux allumettes laissée pour morte dans le froid, et tellement d’autres encore…, on comprend mieux l’intérêt d’avoir voulu déguiser voire adapter ces histoires « vraies traumatiques et crues » pour le public.
De nos jours, la presse jeunesse a probablement hérité de l’influence de la pensée positive des anglo-saxons et écrit dorénavant avec un œil nouveau en direction des enfants. Elle s’accorde à traiter des sujets avec plus de légèreté, d’imagination et de résilience, thématiques qui correspondent davantage au besoin des enfants.
Je me souviens d’une de mes patientes adultes traumatisée depuis l’enfance, vivant à l’époque et jusqu’à la fin de son adolescence dans une secte avec sa famille. Elle y a vécu toutes les souffrances possibles et inimaginables qui soient. Elle présentait un TSPT complexe (trouble de stress post traumatique) depuis sa prime enfance. Avant de retraiter ces multiples traumas, je lui demande ce qui a fait ressource et si elle est en mesure de me dire ce qui a pu la soutenir, malgré tout, durant toutes ces années. En somme, je lui demande ce qui l’a aidé à survivre. Et voici ce qu’elle me répondit : « les livres. J’avais le droit d’emprunter un livre par semaine à la bibliothèque. Et lorsque je lisais, je m’évadais, plus rien n’avait d’importance, j’étais l’héroïne d’une autre vie, une autre personne qui vivait d’autres expériences et je me rappelais et m’inventais toutes sortes d’histoires le reste du temps ».
Sans l’imagination des auteurs, qui lui offrait cette liberté psychique et ces quelques instants d’apaisement dans sa vie chaotique, ma patiente n’aurait peut être pas pu survivre jusqu’à aujourd’hui. Elle a fait un Travail thérapeutique remarquable en EMDR par la suite. Elle m’a beaucoup impressionné par sa capacité de résilience hors norme, compte tenu de tout ce qu’elle avait vécu. Et c’est sans nulle doute sa créativité et son don pour l’imagination, soutenue par les contes, qui ont participé à la sauver.
Les auteurs prêtent leur imagination et avec elle, aident les enfants à sublimer certaines épreuves de vie. Ces enfants héros qui brillent par leur courage, ténacité et inventivité sont particulièrement appréciés des jeunes lecteurs qui ressentent une identification enthousiasmante.
Je pense notamment à des auteurs comme Roal Dahl ou encore Joanne Kathleen Rowling qui donnent vie à des personnages représentant l’espoir d’un monde meilleur où les enfants ne sont plus à la merci des adultes, savent se défendre et peuvent même les ridiculiser à leur tour.
Je me représente souvent l’EMDR comme l’accélérateur du processus naturel de traitement des informations (le rêve) durant le sommeil paradoxal, « passant de l’accélération d’une locomotive à un TGV ». Mais lorsque les informations se sont cristallisées (traumatiques), elles ne circulent plus, se figent et restent bloquées dans leur état initial. La locomotive est à l’arrêt. Le rêve ne fonctionne plus et l’imagerie mentale non plus.
Or, le Processus de rêve ou « digestion des émotions » se réalise en partie avec l’aide de l’imaginaire de chacun : une idée négative se teinte progressivement de nouvelles idées jusqu’à son apaisement qui prendra une nouvelle teneur.
C’est comme si les auteurs de contes prêtaient aux enfants leur propre système de digestion émotionnelle et leur permettait ainsi de libérer le processus d’intégration ou parfois de l’accélérer.
Le conte opère alors comme le rêve, en ce sens qu’il propose implicitement le retraitement de certaines pensées bloquantes ou négatives, en donnant accès, pour une même situation problématique, à de nouveaux chemins mentaux.
C’est ainsi que je demandais à une de mes jeunes patientes d’utiliser l’une des formules magiques d’Harry Potter, associé à un retraitement de l’image perturbante en EMDR, afin de l’aider à mettre de la distance avec sa phobie des araignées, comme Ronald Weasley l’avait fait auparavant en affublant son araignée de patins à roulettes pour la rendre ridicule et en avoir moins peur. Et voici comment une vilaine tarentule se transforme en mignonne araignée licorne apprivoisée.
Le conte permet de monter dans sa montgolfière et de mettre à distance ce qui fait conflit
Comme évoqué précédemment, les chemins mentaux peuvent être pluriels et le rêve, l’imaginaire ainsi que le retraitement des informations en EMDR y participent chacun à leur façon. D’autres techniques sont également développées durant la phase de stabilisation préalable à la thérapie EMDR.
Je me souviens ainsi d’une formation professionnelle que j’ai longtemps donné au sujet de l’accompagnement des personnes TSA et durant laquelle j’abordais le témoignage de T. Grandin au sujet de ses étrangetés intellectuelles. Chaque expression de la langue comprend des éléments symboliques qui ne peuvent être appréhendés que de façon concrète pour les personnes TSA. Ainsi, disait T. Grandin, lorsqu’un jour on m’a parlé de « passer à une autre étape de ma vie, j’ai dû me représenter concrètement des toits des maisons sur lesquels je sautais pour comprendre ce que cette expression voulait vraiment dire. Et de là j’en ai compris que passer à une autre étape de vie était risqué ! ».
Depuis, j’utilise concrètement la métaphore de la Montgolfière qui m’a été soufflée par l’un de mes patients lors de la construction de son lieu sûr. Quelle magnifique idée que celle de s’élever dans les airs pour être hors d’atteinte, et se sentir si haut, loin du monde et hors de emportée en toute sécurité ?
Ne dit on pas par ailleurs que les chats aiment être en hauteur justement pour pouvoir mieux cerner et appréhender leur environnement ? Peut être avons nous, nous aussi, avec ce même besoin de contrôle, un peu de sang félin qui coule dans nos veines.
Aussi, lorsque je choisi un conte thérapeutique pour un de mes patients, j’aspire à ce qu’il puisse lui aussi s’élever vis à vis de sa problématique et la relire par la suite avec une plus grande stabilité émotionnelle et plus de recul sur lui et sa situation.
Le conte accueille plusieurs personnages et a le pouvoir de réveiller certaines parties émotionnelles du MOI
Travailler sur les parties émotionnelles (PE) avec les enfants se traduit spontanément et plus facilement dans le cadre des dessins, des jeux et mises en scène avec des playmobils.
J’ai à ce sujet ajusté la table de Fraser ou salle Diplomatique de Nicolas Diespiendras en direction du travail avec les enfants (cf. Article salle de jeux et des mots doux), afin que les éléments dissociatifs de la personnalité, s’ils apparaissent, soient accueillis dans un cadre plus adapté aux jeunes enfants et en toute sécurité pour eux.
La clinique des enfants n’est pas superposable à celle des adultes. Lorsque l’on parle de parties dissociées chez les adulyes, l’objectif principal sera de réunir les parties, et de réduire la conscience de la limite entre chaque PE.
Concernant les enfants, ces alternances de personnages internes sont en construction et se façonnent dans le temps à mesure des événements, expérience de vie et de sa génétique personnelle. Ils ne sont pas encore véritablement constitués.
Le conte accueille naturellement plusieurs personnages et peut ainsi réveiller certaines parties émotionnelles du MOI.
Prenons l’exemple du conte de Loup qui traverse des histoires émotionnelles avec l’aide de ses comparses et qui en est une bonne illustration.
Chacun d’entre eux représente une identité avec une caractéristique personnelle spécifiquement marquée. A travers leurs pérégrinations et discussion en réunion, les personnages de cette série s’inscrivent symboliquement dans un tout, une famille interne qui pourrait représenter le MOI unifié, harmonieux et auquel l’enfant peut s’identifier.
Mais le travail clinique reste difficile dans le cadre de la lecture du conte pour aborder les PE. Comment repérer si les PE s’éveillent durant la Lecture et si elles s’expriment là, comment travailler habilement et en toute sécurité avec elles, en dehors du cadre de la table de Fraser et/ou de la salle (diplomatique) des mots doux?
Je pense notamment à des enfants et adolescents vis à vis desquels des diagnostics assez lourds sont parfois engagés : psychose infantile, TDI, TSA, TDA-H, et qui ont au moins un point commun : celui de manifester des symptômes dissociatifs de plus ou moins grande intensité et fréquence dans leur vie quotidienne.
Il ne fait aucun doute qu’associés à un ajustement du cadre de l’EMDR, le conte et ses déclinaisons (histoire narrative et récit narratif) pourraient offrir de nouveaux espoirs thérapeutiques, chez des enfants dissociés et/ou ayant mis à rude épreuve le lien thérapeutique.
Il conviendra d’aller prudemment à leur rencontre avant d’envisager de traverser certaines contrées psychiques défendues…