Les ateliers philo enfant / adolescent

Depuis mon plus jeune âge, la philosophie a fait partie intégrante de ma vie. Elle n’a pas qu’aiguisé mon empathie et mon intérêt pour les idées, les miennes et celles des autres, elle m’a ouverte sur le monde et m’a guidée vers la profession de psychologue. Car les sciences humaines tout comme la philosophie ne s’intéressent pas tant aux réponses apportées par le sujet mais plutôt au cheminement de sa pensée. La thérapie enfant favorise l’émergence de la parole authentique chez les plus jeunes. C’est alors pour eux une formidable opportunité de se conscientiser, de s’écouter penser et d’écouter l’autre penser.

L’échange entre enfants crée une émulation considérable de la pensée, ce que les ateliers philo favorisent de par leur cadre spécifique (groupe de pairs, réflexion, silence, mise en perspective des idées à l’aide de supports et débats). Ces ateliers permettent également de développer en eux l'écoute, le goût de l'effort à comprendre, la capacité à transformer sa pensée, à la structurer. L’enfant est alors capable de se penser lui-même et dans le monde… Avant d’étudier les grands philosophes au lycée, l’enfant en fait l’inventaire, il observe ce qui existe et apprend à intérioriser et extérioriser sa pensée jusqu’à la conceptualiser. Plus que l’arrivée, c’est le chemin pour y parvenir qui est visé ici. Les enfants en parlent d’eux même :

• La philosophie, c’est pour les grands ! Et aussi pour les enfants plus petits. Les idées des petits peuvent aussi renforcer les idées des grands ! C’est penser à des idées, ça sert à dire ce que l’on pense aux autres, c’est une manière de s’exprimer mais pas au niveau des émotions.
• Les thèmes ne sont pas toujours faciles. Des fois j’ai trop d’idées dans la tête, et je sais plus par où commencer.
• La philo ça me fait du bien quand les autres ont les mêmes idées que moi, je me sens pareil et ça me rassure.
• On parle aussi des idées des autres et c’est intéressant de connaitre ce que les autres pensent !
• La philosophie ça fait réfléchir, et ça fait du bien car ça nous permet de développer ce que l’on sait et aussi d’écouter ce que l’on ne sait pas, on a un niveau qu’on n’a pas encore débloqué et à un moment donné, ça va nous débloquer. Ça nous rend plus intelligent.

Cadre et déroulement de l’atelier

Je reçois trois groupes d’enfant ou ado, âgés de 6 à 16 ans (6-8 ans, 9-12 ans et 13-16). La séance dure 40 minutes, les ateliers sont proposés à 6 participants en moyenne et 1 à 2 fois/mois. Les enfants sont assis en cercle et parleront 10 minutes librement, en se passant un « bâton de parole » une fois les six consignes énoncées comme suit : On va faire de la philosophie  – Cela va durer 10 minutes  – On va réfléchir à un mot ou une phrase  – On va se placer de la place d’un habitant du monde  – Je ne vais pas intervenir  – Vous ne pourrez parler qu’avec le bâton de paroles.

Les enfants ne prennent la parole qu'une fois ce bâton en main, pour apprendre à respecter la parole de chacun. Le bâton circule dans toutes les mains, même de ceux qui ne souhaitent pas parler.  Ils peuvent alors le garder quelques instants et penser tout bas.

J’observe le groupe et écoute attentivement les échanges sans intervenir dans ce premier temps. Mon travail repose sur le recueil écrit de ces paroles.

Puis un débat s’en suit durant les trente minutes suivantes, à partir de questionnement d’enfant que je reprends, de lecture mettant en perspective le thème et de dessins pour les plus jeunes, de mises en situation avec le quotidien pour les pré-ado et de citations de grands philosophes pour les ados… Une conclusion est proposée reprenant un mot/idée propre à chacun.

A la fin du cycle des ateliers Philo, un recueil de données écrit de façon anonyme sera offert à chaque participant, afin qu’il puisse conserver une trace de son parcours philosophique avec le groupe.

Exemples de Thèmes :

La parole et le silence, réussir, les émotions, l’art, savoir et croire, l'espoir, la liberté, l’avenir, l’envie, l’effort, le projet, choisir, rêver, le bonheur, l'amour, le sentiment et la raison, peut-on vivre sans les autres ?, est-ce que nos sens nous trompent?, qu’est-ce qu’un ami ?, que veut dire grandir ?, les garçons et les filles, le bien et le mal, qu’est-ce qu’être adulte ?…

Expression d’enfants en Atelier Philo : 

Le courage est-il donné à tous ?

1. C’est un risque que l’on prend soit pour sauver une personne soit pour sauver notre vie nous même
2. Ça peut aussi conduire vers la mort, par exemple, si une personne est accrochée à une branche et la branche est toute fine, il risque de tomber, une pers intervient, elle la voit et elle prend un risque de monter sur un arbre et mourir avec la pers en voulant la sauver. C’est ça le courage !
3. Le courage c’est comme papy qui a continué à skier avec un doigt cassé.
4. Quand on n’est pas très fort dans une matière au travail, on fait des efforts pour essayer quand même d’avoir une bonne note et aussi pour apprendre. Ça c’est aussi du courage !

La fraternité

1. Dans la République, la fraternité veut dire qu’on est tous frères, pas parce qu’on appartient à la même famille, mais qu’on est tous pareils !
2. Dans une famille, quand nous sommes petits, c’est jouer ensemble et quand nous sommes grands, c’est se voir entre nous, se retrouver chez nous.
3. Quand on sera grands, maman voudrait que l’on s’aime toujours l’un et l’autre entre frère et sœur, mais ce n’est pas toujours possible parce qu’il y a des frères et sœurs qui se détestent vraiment beaucoup, beaucoup. On pense vraiment pas la même chose !
4. Les frères partagent aussi l’amitié et l’amour, ça veut dire qu’on est ami et qu’on s’aime entre nous.

L’égalité entre tous est-elle possible ?

1. Ça fait aussi parti de la République, c’est-à-dire qu’on a tous la même chose.
2. Les esclaves ne sont pas pareils que les personnes qui sont libres, c’est inégal, ce n’est pas de l’égalité.
3. Tout le monde ne veut pas être égal avec d’autres comme par exemple les rois, les pharaons, car ils se croient supérieurs aux autres personnes.
4. Tout le monde peut être à égalité si tout le monde fait un petit effort : penser qu’on est comme tout le monde, ni plus, ni moins.