L'approche Snoezelen : de la Rencontre à l'Eveil
Force est de constater que le Snoezelen au sein des institutions ne fait pas que des émules. Il apparait fréquemment un nouvel élan vital à l'avènement de cette approche qui retombe parfois comme un soufflet. L'implication qu'elle demande au long cours dans la répétition et la régularité, développe des modalités archaïques du lien qui s'organisent progressivement entre l'usager et le Professionnel.
Il ne s'agit plus du tissage relationnel que l'on retrouve communément dans le quotidien, mais bel et bien d'émotions très fortes, d'éprouvés particulièrement régressifs nécessitant chez le Professionnel de réguler et contenir les fantasmes convoqués en toile de fond.
Car il s'agit d'un espace-temps marginal, les portes sont closes, de plus il y a nécessité de laisser le temps faire son oeuvre au détriment de la productivité et du visible. Et tout ceci sous le regard interrogateur, voir réprobateur des collègues.
Pratiquer le Snoezelen nécessite une mise à distance aux regards des normes habituellement valorisées et attendues par la société (action physique, rendement et production). Finalement les professionnels, au même titre que la plupart des individus, vivent mal d'être en dehors de toute appartenance professionnelle. Etre à contre-courant requiert une grande conviction et force de motivation pour ne pas céder face aux remarques souvent difficiles, déroutantes parfois et faisant douter les professionnels du bien-fondé de leur engagement. C'est pourquoi, il est nécessaire de faire reposer ce temps de travail sur une démarche et une dynamique institutionnelle, elle seule étant en mesure de canaliser les fantasmes, de légitimer et de remobiliser les équipes sur le temps.
Porter ce projet au niveau institutionnel, coordonner, légitimer la philosophie du lâcher prise avec ce que cela comporte de travail sur soi et impliquer ses membres par le biais de la dynamique du groupe, de la valorisation institutionnelle et d'analyse de la pratique, sont autant de mesure visant à réduire le risque d'absentéisme et de résistance des professionnels.
Finalement, ce que nous apprennent ces divers regards croisés de professionnels, c'est que le Snoezelen nécessite une confiance en soi, confortée par un corpus institutionnel solide et solidaire, face à ce que l'approche du Snoezelen convoque de plus intime en chacun de nous. La force du projet est très souvent portée par une équipe bienveillante et pensante, soucieuse de réajuster ses attitudes et perceptions, soucieuse de comprendre ce qui l'anime, soucieuse enfin de développer cette approche humaniste ouvrant à l'authentique rencontre.
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Céline bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne