Clovis casse l’hippopotame en porcelaine de maman. Afin de ne pas se faire gronder, il ramasse les morceaux et les met dans son mouchoir. Un peu plus tard, il se rend compte que la porcelaine s’est comme fondue dans le tissu. Idem pour les haricots verts du dîner qu’il a voulus cacher pour ne pas les manger. De bêtise en bêtise, Clovis parvient à tout dissimuler, mais le mouchoir grandit, grossit, se colore… Au départ jolie écharpe, il devient monstre envahissant au fil des mois. Le monstre à bêtises suit Clovis partout, pour finir par l’étouffer complètement. Il se pourrait que ce monstre soit aussi tyrannique que les pulsions de l’enfant lui-même mais aussi de ce qu’il projette bien souvent sur l’autorité parentale. Finalement, le petit garçon prend alors son courage à deux mains et avoue toutes ses maladresses…. Cet album rend compte de la pensée magique et des jeux psychologiques auxquels l’enfant se soumet pour ne pas décevoir ses parents ; thèse bien explicitée par le psychiatre Cyrulnik. J’apprécie tout particulièrement cet album emprunt de pensée magique, de recherche de maitrise et de contrôle de soi, de stratégie enfantine….que j’utilise très régulièrement en thérapie enfant pour travailler en profondeur sur le mal être qu’il peut ressentir et le gros travail sur soi même que demande d’assumer ses actions. Subtilement, l’album évoque la honte de la bêtise, la peur de se faire fâcher, le mensonge inventé qui ne soulage que le temps qu’on parvient à le soutenir, et pour finir la délivrance de tout avouer (et là, oh surprise, l’enfant découvre qu’il ne se fait pas gronder aussi fort qu’il le pensait et que ses parents sont indulgents envers lui). Fantaisie et philosophie : tout est là ! Livre que je recommande vivement ! Dans la même thématique vous pourrez suivre les péripéties du crocodile qui a également un souci avec le sujet de la vérité : « Qui veut sauver le caïmantoultan ? » de Claro et Nathalie Choux