Bonjour
Maman d'un petit garçon de 2 ans et 2 mois, je n'ai jamais réussi à le faire garder par qui que ce soit. Même quand il est avec son père (qui a pourtant déjà 2 enfants), je suis mal à l'aise.
Nous avons réussi à obtenir une place dans un jardin de découvertes cette année, c'est de 9h à 15h donc petites journées, et 4 jours par semaine. J'ai essayé de prendre sur moi et nous avons commencé l'adaptation. Mais je n'y arrive pas. Même en étant avec lui, je ne me sens pas bien, lieu pas assez chouette, pas assez de personnel, enfants qui pleurent, qui sont malades, que je trouve "eteints", "sans aucune vitalité"... Et jeudi, je suis sensée le laisser un peu seul... Je n'y arriverai pas. Pourtant, c'est ma seule solution pour respirer et dormir un peu... Heures de garde pas suffisantes pour que je reprenne le travail, c'était censé être une première étape. Donc le faire garder dans un lieu pas top juste pour que je puisse revivre un peu. Culpabilité. Enorme culpabilité. Mais je suis trop fatiguée pour continuer ainsi. Et il faut aussi que je reprenne le travail.
Mais je n'y arrive pas... Je suis consciente que c'est forcément lié à nos débuts difficiles (grossesse à 42 ans, entourage médical très pesant sur les risques liés à mon âge, accouchement déclenché 6 semaines avant terme car infection, 18 jours en neo-nat, inquiétudes diverses (IRM...), difficultés à l'allaitement, bref, débuts difficiles, éprouvants et épuisants! Bébé porté en écharpe quasi en permanence, cododo, allaité jusqu'à 21 mois. Endormissment avec moi exclusivement, sommeil compliqué)... Mais je n'arrive pas à me "décrocher"...
La pédiatre de mon fils m'a conseillé de consulter un psy, je n'en vois pas l'utilité car je sais que je suis comme ça pour rattraper les débuts compliqués mais je serai prête à le faire pour mon fils, sauf que mon compagnon a des horaires de travail ne me permettant pas de prendre des rdv en semaine...
Un conseil pour me sortir de là? J'ai besoin d'aide mais je ne sais où le trouver.
Merci d'avoir pris le temps de me lire...
Steph
Vous rencontrez des difficultés à la fois habituelles pour toute jeune maman et majorées par votre parcours de grossesse et suites de couche médicalisées. J'entend que ce petit garçon fut le bébé de la dernière chance, ce qui lui confère un statut d'autant plus particulier en tant qu'enfant unique et "plus qu'attendu".
Tout les aménagements et soins que vous lui avez apporté jusqu'à ses 26 mois vont dans le sens d'un attachement affectif secure (d'excellente qualité), vous avez donné à votre enfant la sécurité et l'autonomie affective dont il a besoin pour évoluer de façon plus autonome aujourd'hui.
Grâce à vous, "son réservoir de confiance" est très rempli et il est temps pour lui de wagabonder vers de nouveaux horizons pour l'expérimenter auprès de nouvelles personnes.
Il est surtout question de votre difficulté personnelle à vous séparer de lui, et non lui de vous. Or, "Éduquer" c'est "élever vers" éthymologiquement.
Votre fils fera sans doute des expériences heureuses et moins heureuses, mais ce qui compte c'est surtout la confiance que vous lui accordez pour s'accommoder à ces nouveaux environnements plus ou moins heureux, ainsi que votre capacité à tolérer que ce soit imparfait.
Les enfants les plus résilients ne vivent pas dans des environnements nécessairement ronds et douillets. C'est aussi à travers ces différences, les difficultés rencontrées et surmontées que l'enfant est fier de lui et se construit une belle estime de lui, celle la même qui lui permettra ultérieurement de fonder des projets, de prendre des risques et de s'accomplir tant sur le plan personnel que professionnel.
Si votre regard privilégie cette version sur vos craintes personnelles, vous serez capable de négocier avec ce compromis non idéal mais qui répond à l'objectif premier : celui de souffler.
Et une Maman fatiguée n'est plus réceptive, disponible, Patiente et empathique avec son enfant. La qualité du lien s'en ressent alors entre Mere et enfant. Ce n'est pas nécessairement mieux ni de bon aloi.
Vous concernant plus spécifiquement, la question d'être Mere tardivement, et d'avoir un bébé Prema agissent nécessairement comme des catalyseurs de peurs, de ne pas être une bonne Mere, de n'avoir pas su le protéger comme on le souhaitait, ... mais il est important de se souvenir qu'une vie se fonde à 3 : les parents et l'enfant lui même avec ses fragilités et ses forces aussi.
Faites lui confiance, ce sera le plus bel acte d'amour qu'il pourra recevoir de vous.
Céline Lemesle, Psychologue