Bonjour Madame,
J'ai effectué une ivg il y a maintenant un an. Depuis je ne cesse de culpabiliser car cette grossesse était désirée au début. Mais lorsque j'ai appris que j'étais enceinte j'ai paniqué,j'avais des angoisses sur le bon déroulement de la grossesse, des doutes sur mon envie réelle d'être mère. Les angoisses ont été telles que je n'ai vu que l ivg comme issue à tout ça. Maintenant je m'en veux terriblement de ne pas avoir su combattre mes peurs pour mon futur bébé et de ne pas avoir su gérer cela en me fesant aider par un psychologue. Je me suis littéralement renfermée sur moi même.
Je ne sais pas comment me sortir de tout ca j'ai beaucoup de sentiments contradictoires qui surgissent aujourd'hui j'ai peur pour une future grossesse car l ivg m'a traumatisé, j'ai encore plus peur qu'avant a l'idée d'être de nouveau enceinte et de nouveaux doutes sont apparus...
J'ai été suivi par un psychologue pendant 7 mois après l'IVG mais cela ne m'a pas enlevé toutes mes doutes,angoisses...
Pourriez-vous me donner quelques pistes pour avancer dans tout ça.
Merci d'avance pour votre réponse.
Cette question est bien sûre très douloureuse car emprunte de sentiment de culpabilité.
Quelque soit la décision prise face à cette situation, cela vous aurait de toute évidence éprouvé.
Je pense qu'il faut accepter cette culpabilité, la faire disparaître complètement nierait dans le même temps un sentiment qui m'apparaît, contre toutes attentes, plutôt nécessaire.
Car finalement, les femmes qui tombent enceintes ou qui souhaitent devenir mère doivent toujours se confronter à la question de l'agressivité qui siège en elles. Ce double mouvement amour /haine vis à vis du bébé est tout à fait naturel. Le sentiment de culpabilité parle de cette agressivité, cela fait écho à l'idée (négative) de se préférer soi-même sur l'embryon en devenir, d'écouter la femme en soi plutôt que "la devenante mère".
Or, nous sommes plongées culturellement et depuis tous temps dans la représentation que les femmes sont les "gardiennes de la vie", que leur ventre ne peut qu'accueillir un enfant.
Or, face à cette situation nouvelle d'enfanter, cela impose de nouveaux engagements comme la responsabilité d'un petit être qui sera totalement dépendant de soi, et il n'est pas rare que cela provoque de l'ambivalence (je le désire mais cela me fait si peur..), d'ailleurs Winnicott lui même a pu expliquer dans un célèbre essai les 26 raisons d'en vouloir à son f&oeligtus (changement de corps, modification de la vie, peur de ne plus être désirée par son conjoint, sentiment de ne plus exister..).
Sachez que cette agressivité en vous peut aussi être considérée comme salvatrice, puisqu'elle vous a permis de poser des limites. Ce n'était probablement pas le bon moment pour accueillir cette grossesse.
Plus tard, c'est cette même agressivité qui vous permettra de poser des limites à votre enfant. Dire non à un enfant, ne pas tout accepter de lui, cette exigence envers lui sera le signe véritable de votre amour.
L'agressivité n'a pas toujours bonne presse dans notre société, il est vrai, mais il ne faut pas oublier que c'est aussi grâce à l'agressivité que les hommes ont pu s'adapter et survivre.
Quoiqu'on en pense ou en dise, elle reste nécessaire et intrinsèquement reliée à la protection de l'espèce.
Je pense par ailleurs que ce choix d'IVG pratiqué dans un contexte légal (avant que l'embryon ne soit considéré médicalement comme f&oeligtus, en somme), doit aussi pouvoir vous aider à supporter cette décision. C'était peut être un enfant dans votre représentation (idée), mais pas dans la réalité, et être en mesure de faire cette distinction revet toute son importance.
Je vous souhaite bonne continuation
Céline Lemesle, Psychologue
Votre témoignage réveille en moi un moment douloureux qui continue de me faire souffrir aujourd'hui.
Mon mari et moi avons 2 enfants, une fille de 9 ans et un garçon de 6 ans. J'ai bientôt 36 ans et mon mari 37 ans.
En octobre 2012, j'ai subi une IVG médicamenteuse et opératoire, grossesse arrivée sans que l'on s'y attende.
L'annonce de ma grossesse a été un choc pour mon mari qui l'a très mal pris et a été terrorisé. Ses arguments pour me pousser à l'IVG ont été les suivants: je venais de retrouver un travail depuis quelques mois seulement, comment allait-on faire financièrement, deux enfants ça lui suffisait, il fallait déjà gérer les différentes phases d'opposition et il ne se voyait pas recommencer, il était heureux comme ça et je devrais aussi me satisfaire de ce que j'ai plutôt que de vouloir autre chose, il ne voulait pas d'un enfant qu'il n'aimerait pas parce qu'il n'était pas voulu, et surtout, qu'allaient penser ses parents...
Devant sa détresse, j'ai refusé d'écouter mon désir d'enfant (idéalement j'en ai toujours voulu 4, il en a été informé dès le début de notre relation, mais j'avais accepté un compromis à 3 parce que lui n'en voulait que 2), et j'ai fait cette IVG...
J'ai beaucoup pleuré, j'ai beaucoup culpabilisé, je lui en ai beaucoup voulu et je lui en veux toujours. Je me suis dit qu'il n'était peut-être pas prêt même si cela fait au moins 5 ans que je lui demande de me faire un enfant; je me suis dit qu'avec le temps, à en discuter régulièrement il finirait par accepter l'idée. Mais en fait chaque fois que j'essaie de lui en parler il se met dans des colères de plus en plus fortes, il ne veut pas en entendre parler et la situation reste bloquée. Il m'a même dit que si je voulais un enfant ce ne serait pas avec lui...
Je dois peut-être préciser que je suis la dernière d'une fratrie de 3 filles, et lui le cadet d'une fratrie de 2 garçons. Est-ce que cela joue sur ma vision de la famille?
En tous cas je me sens incomplète, j'ai beau essayer de me dire que j'ai tout pour être heureuse comme il me le dit, j'ai le sentiment qu'il me manque quelque chose d'essentiel, et je ne suis pas épanouie.
J'ai l'impression que nous nous éloignons l'un de l'autre, bien que j'essaie de me faire une raison et de me concentrer sur les autres aspects de notre vie ensemble. Je le soutiens dans ses projets, dans ses rêves, dans ses désirs, j'ai peur que ce ne soit pas le cas dans l'autre sens...
Certes avoir un enfant n'est pas anodin, il ne se sent pas capable d'en avoir un 3ème, mais je ne vois pas pourquoi ce serait plus difficile que d'avoir le 1er ou le 2ème! Ça fait forcément peur de se lancer dans cette aventure, mais quelle aventure!!! Mes enfants sont géniaux, ils m'apportent tellement! Alors un autre enfant et je serai comblée!
Dois-je poursuivre dans mon sens ou dois-je faire le deuil de la maternité?
Je vous remercie de m'avoir lu, et peut-être avez-vous une réponse à mes interrogations?
Elisa
avec ce nouvel amour. J ai été très soulagée d avorter. Pas de regret durant plusieurs années. Et puis, au fil du temps, J ai regretté à la fois le père du bébé, pour lequel mes sentiments finalement étaient toujours là.
Il faut dire que cette histoire d amour était très compliquée. J ai du me décider entre 2 amours, fait mon choix, et comme à chaque fois que je prends une décision, l ai regrettée. Aujourd'hui ça fait 18 ans. Il m'arrive d avoir mal à en crever quand je croise une jeune fille, un jeune homme, de 18 ans. Ça pourrait être le mien... Tout mon ventre me fait mal. Je voudrais l arracher de mon corps.
J ai eu un enfant 2 ans après avec l homme pour lequel J avais quitté le 1er.
Mais ça n efface rien. Je souffre dans ma chair, encore, et j ai 58 ans.
J ai pris rdv avec une psychiatre car je ne vis que dans le passé.
Avorter est un acte qui a des conséquences terribles. Pourtant, je continue à penser qu il est nécessaire d y avoir accès. Merci de vos conseils.
Veuillez trouver réponse à votre question en cliquant sur ce fichier audio.
Vous souhaitant une bonne écoute.
Céline Lemesle
Psychologue Clinicienne - Neuropsychologue - Therapeute à Paris & en distantiel.
Céline Lemesle, Psychologue
J'ai 22 ans, il y a deux mois j'ai eu recours à un IVG.
Dès lorsque j'ai appris que j'étais enceinte, j'ai bloqué toutes mes émotions et tout mes sentiments.
J'ai pensé à ma famille, à leurs réactions, leurs reproches, je me suis dit qu'il serait très déçu de moi. J'ai donc pris la décision seule sans même me poser la question car je connaissais la réponse. Je dois avorter. J'ai donc fait toutes les démarches et j'ai avorté.
Mon compagnon le savait, il n'a pas osé me dire ce que lui voulait..
Une fois l'avortement vécue, je me sens vide, inutile. Je culpabilise, fais des cauchemars, je pleure de l'intérieur, mon corps saigne, mon corps est mort.
Je décide d'en parler à mon compagnon, celui-ci m'annonce qu'il aurait aimé garder ce bébé, c'est dur d'entendre ça, je l'ignorais ! Je regrette, je n'ai pas écouté ce que je voulais, je n'ai pas écouté ce que voulait mon conjoint. J'ai tout gâché, moi seul.
J'étais seulement terrorisée par le regard et l'avis des membres de ma famille. J'ai l'impression d'avoir perdu quelqu'un que je connaissais depuis toujours, quelqu'un que j'aime du plus profond de mon être. Mon compagnon est prêt à avoir des enfants dans les prochaines années à venir, mais moi, je veux seulement retrouver l'enfant que j'ai perdu. Je n'arrive pas à faire le deuil. Je souhaite avancer.
Je vous remercie d'avoir pris le temps de lire mon histoire.
Merci également de votre réponse.
J’ai « subit » une IVG médicamenteuse le 1 juillet dernier suite à une annonce de grossesse non désiré.
J’ai appris la nouvelle le 6 juin, le 8 juin mon échographie était programmé et la première prise du médicament aussi.
Bientôt 2 mois et le regret fait toujours partie de moi et prends de plus en plus de place..
J’ai 18 ans et mon copain 19, nous sommes ensemble depuis 3ans mais l’idée de devenir parents si jeunes ne nous à jamais traversé l’esprit.
On ne se sentait pas capable d’endosser autant de responsabilité, fin pour être honnête c’était plus le sentiment de mon copain que le miens.
Après réflexion j’ai l’impression d’avoir été « forcer » d’avorté car monsieur n’en voulait pas. J’ai ce désir de devenir mère, je m’en sentais capable, d’autre ont bien réussi pourquoi pas moi?
J’étais enceinte de 6 SA, c’est vraiment pas bien gros à ce stade la mais le voir à l’échographie, me rendre compte que mon corps créer petit à petit la vie était magique!
Puis 1h après j’ai pris le 1er comprimée pour commencer l’IVG… HORRIBLE
Pour être honnête, mon copain de m’aurait pas accompagné ce jour là, je repartez de l’hôpital sans prendre le comprimé.
Je regrette tellement cette décision prise sur un coût de tête, j’y pense chaque jour, il y a toujours quelque chose pour me ramener à la réalité et me faire « souffrir »
J’ai besoin d’aller de l’avant et de vivre avec, pas de subir ce choix tout les jours..
Merci d’avoir pris le temps de me lire, j’avais besoin de mettre des mots sur ce que je ressens.
Romane