Connaitre et reconnaitre au mieux les stimulations que recherche naturellement son bébé, c'est aussi prendre en considération sa personnalité, son vécu in utéro, ainsi que les interactions précoces maternelles et paternelles qui le façonnent au monde.
Cette attention particulière et privilégiée orientée vers ce bébé peut aussi permettre au parent de le soulager face à certaines angoisses archaïques qu'il ne s'explique pas.
Par exemple, un bébé préférant les stimulations corporelles et contenantes sera plus rapidement rassuré si son parent lui propose d'emblée une activité basée sur l'enveloppement comme le holding (portage), ou encore le bain par exemple....
Comment reconnaitre les domaines de perception que l'enfant privilégie, ceux qu'il affectionne prioritairement, ceux qui lui manquent et qu'il recherche ? La vie in utéro a-t-elle pu également être influencée par les attitudes de la mère ?
La Stimulation Basale, les bébés et leurs parents...
Prendre en considération le bébé dans son incomplétude sensorielle, motrice, affective ..., pour finalement construire un lien authentique avec lui, nécessite une certaine forme de régression pour le parent ou tout adulte qui s'occupe de lui. Une fois adulte, chaque personne dispose de toutes ses capacités.
Il a dans le même temps oublié cette forme de « prématurité au monde », dans laquelle il a lui-même été plongé à sa conception puis à sa sortie du ventre maternel. Cette plongée régressive dans les méandres de ses propres origines archaïques donne accès à ce petit être tout droit venu du « mystérieux monde de bébé ».
"C'est redevenir pour un temps un peu pareil que le bébé"
Lorsque le parent envisage cette plongée en observant son bébé,
il dispose alors d'une grande richesse pour communiquer de façon juste et harmonieuse avec lui. C'est redevenir pour un temps « un peu pareil que lui » (un être émotionnel) tout en restant différent (un adulte disposant d'un langage symbolisé). Voici pourquoi de nombreux bébés adorent les réponses parentales établies sur le même mode de communication qu'eux : les gazouillis et vocalises.
Le bébé observe alors de façon très touchante cet adulte qui lui adresse son attention, qui lui parle, qui lui parle, et qui lui parle encore... Le bébé peut alors se construire au monde et supporter les stimulations de cet environnement trop bruyant, parfois invasif ainsi que les frustrations auxquelles il se voit régulièrement confronté.
« Si maman me dit ce qu'elle est en train de faire pour moi, je peux mieux contrôler ce qu'il va m'arriver et c'est alors plus prévisible et moins dangereux ! Je peux même y participer lorsqu'elle me le demande et me laisse le temps pour que j'effectue les gestes sollicités.»
"Devenir parent c'est comprendre progressivement son bébé et être compris de lui"
Etant bébé, puis enfant, nous avons tous conquis progressivement notre autonomie au prix d'un long apprentissage, donnant accès au champ du savoir, des connaissances. Si cela a été possible, c'est tout d'abord grâce à la motricité, puis surtout par le concours du langage oral et maintenant écrit.
Les bébés et les jeunes enfants communiquent autrement pour se faire comprendre, en utilisant principalement les cris, les pleurs, les plaintes, les gazouillis, les onomatopées, puis les phonèmes et les mots mais aussi tout ce que leur corporéité leur permet d'exploiter : le tonus musculaire, la contracture, les mouvements, les balancements, les morsures, la succion......
Devenir parent, c'est comprendre progressivement son bébé et être compris de lui, ce qui est loin d'être immédiat, malgré les innombrables idées reçues à ce sujet. Cela demande une disponibilité psychique, un accordage affectif, une attention de tous les instants, de l'observation, de la mise en sens et du temps.... pour entrer authentiquement en relation.
Fort d'un labeur aussi couteux, à savoir gagner progressivement en autonomie, nous relayons rapidement dans notre inconscient ces traces émotionnelles et comportementales liées à notre immaturité originelle, mais ce dont nous sommes encore porteurs à ce jour. Pourtant elles se sont inscrites de façon silencieuse dans notre corps et nos émotions, ce qui les rend difficilement accessibles pour la plupart des grandes personnes.
"L'approche sensorielle et basale auprès du bébé ébauche en nous la passerelle du monde qui nous précède"
Notons enfin que ces traces restent, pour certaines, parfois accessibles dans le cadre de l'analyse des patients adultes. Les patients informent à travers le transfert et le contre transfert, opéré - par et sur - la personne du thérapeute, de l'impact de ces réminiscences corporelles, en lui faisant notamment éprouver et vivre émotionnellement parfois le malaise, l'angoisse, l'abandon, mais aussi la joie, l'excitation, la plénitude ....des premiers liens relationnels mère/enfant.
Finalement, l'approche sensorielle et basale auprès du bébé ébauche en chacun d'entre nous la passerelle au monde qui nous précède et ce dont nous n'avons aucun souvenir conscient. En même temps que cette approche corporelle favorise le tissage du lien parent/bébé à travers les codes et signifiants du tout petit, elle inaugure en chacun de nous la réédition de notre vécu archaïque, à l'origine de notre sentiment d'être.
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Céline Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne, Thérapeute Familiale, Formatrice.
