bonjour,
je suis étudiante en soins infirmiers et je travaille actuellement sur les soins relationnels. J'ai effectué un stage en EHPAD et ai pris en charge une résidente, meilleure amie de ma grand mère décédée en septembre dernier. J'ai vu en elle la grand mère récemment disparue, la résidente quant à elle, a provoqué un transfert positif sur moi. Situation où les émotions sont ambivalentes, et la juste distance difficile à instaurer. Merci de me donner des informations sur la notion de transfert et contre transfert dans la relation soignant/soigné et la notion d'identification projective. Cette situation a été source de questionnement.Merci d'avance
Vivre le meilleur avec son enfant hpi
J’aurai à cœur d’expliciter dans ce qui suit, au travers de mes expériences cliniques et thérapeutiques, toute la complexité que revêt l’exercice d’être parent d’un/d’enfant(s) HPI (et Dys associés), dans un système normatif ainsi que les dispositifs singuliers et fondamentaux susceptibles de le révéler et de l’équilibrer, pour qu’il se sente bien «chez lui».
Conférence ANPEIP du 30/11/2019
Etre en relation, que ce soit en situation de soin ou dans la vie de tous les jours, est très porteuse d'affects, en psychanalyse il s'agit de la notion du transfert.
Ces affects ne sont pas uniquement source d'émotions et de sentiments, ils viennent répondre d'autres enjeux plus inconscients, que l'on ne soupçonne pas immédiatement à moins d'y prêter une attention particulière.
Dans la relation soignant/soigné ces enjeux me semblent décuplés et dès que la situation professionnelle s'inscrit dans la "répétition du soin" des facteurs thérapeutiques entrent alors en scène. Et oui, le thérapeutique n'est pas l'apanage des psy, il existe dès que l'on s'inscrit dans la durée, le cadre et la répétition.
Bien souvent les institutions ne cautionnent pas ces enjeux qui apparaissent et il est souvent rappelé aux professionnels : "vous ne devez pas avoir de chouchou ou donner priorité de soin à l'un plus qu'à l'autre" et elles ont bien raison de le souligner ainsi pour permettre à chaque professionnel de se représenter ces risques.
Dans la réalité clinique, c'est bien plus complexe, car par définition cela ne se contrôle pas. Il ne suffit pas de se dire "je ne dois pas" pour y parvenir. L'incosncient est bien plus tenace et s'insinue dans notre vie à notre insue. En cela nous ne sommes pas véritablement "responsables" de nos affects.
En revanche, il me semble que dans notre travail, en qualité de professionnel, il est indispensable d'avoir connaissance de ces enjeux et lorsqu'ils se produisent, ils doivent faire l'objet d'une analyse.
Si nous ne pouvons pas contrôler nos émotions, nous avons le devoir de nous interroger sur nos projections, sur ce qu'elles racontent de notre propre histoire personnelle, afin de les mettre à distance et de permettre le rétablissement, le rééquilibrage de la relation.
En d'autres termes, la part peut alors être faite entre ce qui nous appartient et ce qui appartient à l'autre, évitant dès lors certains éccueils tels que ce que vous nommez l'identification projective: s'identifier à l'autre sans distance entre soi et l'autre, ce que je pense devient ce que pense l'autre, évincant ainsi une autre qualité si nécessaire au travail de soin, à savoir l'empathie.
Car L'empathie ce n'est pas, contrairement aux représentations communes,se mettre à la place de l'autre, mais plutôt être en mesure de faire fi de tout ce que l'on connait, de tout ce qui nous a fondé nous même au monde de part notre éducation, notre culture reçue, nos références, nos expériences de vie... et laisser ainsi place à ce qu'est l'autre, dans sa différence et son appréciation des choses.
Le risque d'avoir un jugement tyranique et inadapté à l'égard du patient est alors mis à distance puisque ce qui est favorisé est plutôt la vision que le patient a pour lui même et moins celle du soignant sur son patient.
La formule (je sais ce qui est bon pour vous!)peut dès lors être critiquée et faire l'objet d'une attention toute autre, car finalement nous ne savons que ce qui est bon pour nous même et tentons dans le soin de se rapprocher de l'autre, avec tout ce qu'il représente également d'étranger à soi.
Espérant avoir répondu à vos questionnement, je vous souhaite bonne poursuite dans vos projets.
Celine Bidon-Lemesle, Psychologue Clinicienne.
Céline Lemesle, Psychologue