Bonjour,
Je suis une femme de 35 ans, en couple depuis 11 ans (mariée depuis 8 ans).
Ayant grandi avec une mère tyrannique qui avait des troubles psychiatriques non diagnostiqués et donc non soignés - et qui n'a jamais consulté d'ailleurs - (il lui arrivait fréquemment de croire qu'elle était moi, me brandissait un couteau et me demandait de la tuer), je suis extrêmement traumatisée par le lien mère-enfant que j'ai vécu comme totalement aliénant.
J'ai souffert d'anorexie mentale à l'adolescence puis jeune adulte. Le désir d'enfant a fait son apparition plutôt tardivement, vers 30 ans. Je suis tombée à ma grande surprise enceinte en un seul cycle, à deux reprises (2017 et 2018). Mon mari et moi étions à chaque fois heureux de cette nouvelle. Mais à chaque début de grossesse, la joie a très vite été écrasée par d'énormes angoisses, angoisses que j'avais ressenties dès l'apparition du désir d'enfant. Avec l'accord de mon mari, j'ai réalisé deux IVG médicamenteuses.
Quand je me projette avec un enfant, je ressens toute l'emprise de ma mère. J'ai très peur de perdre la liberté pour laquelle je me suis longuement battue. En effet, je ne parle plus à ma famille depuis plus d'un an. Pendant des années, j'ai tenté de trouver une relation plus équilibrée avec eux, cela n'a jamais été possible. Mes parents n'ont jamais voulu respecter de limites. Ils étaient très intrusifs dans ma vie, dans mon couplé, dans notre maison. Je peux dire que je me sens plus sereine depuis que j'ai coupé les ponts avec eux.
Néanmoins demeure ce "projet" de parentalité. Mon mari ayant comme moi vécu une enfance complexe et difficile, est assez stressé par l'idée que nous devenions parents. De mon côté, je réalise des démarches pour me reconvertir professionnellement. Si tout se passe bien, je serai en formation pour deux ans à compter de septembre 2021.
Cette échéance me remue de nouveau par rapport au projet de maternité. Je ressens cette ambivalence : j'aimerais devenir mère et j'en ai une peur phobique. Un élément à prendre en compte en plus de mon âge : je souffre d'endométriose. J'ai été opérée d'un endométriome sur un ovaire en 2019. Mes chances de tomber enceinte se réduisent de mois en mois. J'ai pourtant refusé la congélation des ovocytes car j'ai eu en plus de l'endométriose d'autres problèmes de santé physique ces dernières années, et je ressens un ras-le-bol vis-à-vis des interventions médicales.
D'un côté, mon corps et mon cœur aimeraient que nous devenions parents. D'un autre, ma tête n'est absolument pas d'accord. Je me sens comme tiraillée.
Je suis suivie par une psychologue depuis un an. J'ai beaucoup avancé sur divers domaines. Néanmoins, je trouve que la psychologue balaie trop vite ce sujet de la maternité. Pour elle, il ne vaut mieux pas que je devienne mère. Elle pense que cela réactiverait trop de choses. Il y aurait même un risque selon elle que des traumatismes enfouis remontent. De mon côté, j'ai également peur de perdre totalement pieds à l'accouchement vu mon vécu avec ma mère. D'ailleurs, j'ai été formée à la sophrologie. Et lors d'un séminaire de spécialisation à "l'accompagnement à la parentalité", je me suis endormie à la séance sur l'accouchement animée par une sage-femme sophrologue - alors que je ne m'étais jamais endormie totalement lors d'une séance de sophrologie.
Dois-je me résigner à faire le deuil de la maternité ?
Merci par avance pour le temps que vous prendrez à lire mon message et pour votre retour.
Bien à vous
