Bonjour,
Je suis maman de 3 enfants (10ans, 7ans et 4ans) et la maîtresse m'a parlé en octobre 2014 de problèmes avec mon dernier enfant de 4ans. Il est en petite section maternelle. La maîtresse m'avait alors dit qu'il "tapait les copains" et qu'il ne participait pas en classe. La psychologue scolaire est passée en classe et m'a dit qu'il faisait de l'écholalie, qu'il avait tendance à se balancer. Tout de suite, j'ai été interpellée car ce sont des troubles de l'autisme....sauf que mon fils ne fait pas du tout ça à la maison.
J'ai quand même pris des rendez-vous auxquels il doit se rendre prochainement: Pédospy + orthophoniste + CMP.
Dernièrement, la maîtresse m'a dit que c'était un élève "qui la déstabilise car elle ne sait pas comment évaluer son potentiel dans la mesure où parfois il se concentre et travaille", et d'autres non. Elle m'a dit aussi que c'était un provocateur.
Pas plus tard que ce soir, la maîtresse l'a mis à la garderie aussitôt à 16H30...alors que mon mari est venu le récupérer à 16H40 (on a un battement de 15min donc mon mari était tout à fait à l'heure pour le récupérer, d'autres enfants étaient même en train d'attendre leurs parents, mais mon fils était déjà lui à la garderie)et.....la maîtresse a encore dit qu'elle voulait nous voir avec mon mari car le comportement de mon fils n'est pas "normal".
Je ne comprends pas car il n'a pas de comportement anormal à la maison. Il est timide, a quelques difficultés d'élocution (on a diagnostiqué à 2ans qu'il n'entendait pas et a été opéré des oreilles) mais parle quand même bien. Je le fais travailler à la maison (cahier, gomettes,dessin du bonhomme etc...) et il participe bien, il demande même "à faire du travail". Pouvez-vous m'aider à comprendre svp?
Vivre le meilleur avec son enfant hpi
J’aurai à cœur d’expliciter dans ce qui suit, au travers de mes expériences cliniques et thérapeutiques, toute la complexité que revêt l’exercice d’être parent d’un/d’enfant(s) HPI (et Dys associés), dans un système normatif ainsi que les dispositifs singuliers et fondamentaux susceptibles de le révéler et de l’équilibrer, pour qu’il se sente bien «chez lui».
Conférence ANPEIP du 30/11/2019
Publié le:
29/01/2020
En préambule, voici un résumé des trois groupes de symptômes qu'il faut retrouver pour établir le diagnostic d'autisme selon le DSM4 :
1- une altération des interactions sociales (aloneless) : l'enfant recherche la solitude, le repli, l'isolement et ne va pas vers ses pairs (les autres). Si l'on entre trop vivement dans son cercle physique, l'enfant éprouve de l'angoisse et peut se défendre en étant agressif. Les enfants autistes ne savent pas communiquer par le regard et ne saisissent pas naturellement l'intuition sociale.
2- une altération de la communication et du langage : l'enfant n'utilise pas les mots pour se faire comprendre. Il n'en n'a pas l'utilité car ne comprend pas leur intérêt et sens. Il fait souvent des écholalies (répétition de mots ou de phrases des gens, des dessins animés) sans valeur communicationnelle. Il peut également être mutique. L'enfant autiste entend bien sur le plan fonctionnel mais ne traite pas correctement les informations auditives. Seules les voyelles (sons longs) ont le temps d'être intégrées et font l'objet de répétition écholalique. Tandis que les sons courts (qui structurent les mots) comme les consonnes, n'ont pas le temps d'être traitées dans le cerveau. Des lors ils n'investissent pas le langage qui leur apparaît insignifiant, non accessible.
3- un intérêt pauvre et restreint dans ses activités, accompagné de rituels et intolérance au changement, parfois avec auto mutilation: l'enfant ne sait pas jouer, ne sait pas faire semblant, n'a pas accès au symbolisme (par exemple une casserole de dînette devient un vaisseau spatial au décours de l'imagination et de l'histoire, pour la plupart des enfants ordinaires). L'enfant autiste cherche l'immuabilité dans son environnement, les choses ne doivent pas changer.
Les stéréotypies motrices servent généralement à calmer l'enfant des vives angoisses qu'il éprouve quotidiennement. En se fixant ainsi sur une brindille, le sable, les billes qui tombent, la machine à laver qui tourne ...ou ses doigts ou autre... c'est pour détourner son attention de l'anxiété et trouver de l'apaisement à travers la répétition.
J'ajoute pour ma part en plus du DSM4
- les troubles du traitement sensoriel:
L'enfant autiste ne parvient pas à traiter correctement toutes les informations des 5 sens simultanément ce qui génère de la douleur physique: les sons trop forts et le brouhaha, la matière de certains vêtements sur la peau, le goût de certains aliments qui conduit l'enfant à sélectionner la nourriture via des couleurs tout blanc par exemple (fromage, &oeliguf, yaourt..)... Le traitement visuel étant altéré par trop de vitesse (le visage et ses mimiques) l'enfant autiste détourne son regard des visages et préfère regarder les objets statiques ou bien qui répètent inlassablement toujours le même mouvement (tout ce qui tourne, roule..) c'est pourquoi il parvient mieux à communiquer à l'aide de pictogramme (photos)...
Lorsque certains symptômes légers apparaissent on peut parler de traits autistiques. Ces signes doivent toutefois apparaître de façon envahissante chez l'enfant, c'est à dire quelque soit le contexte de vie de l'enfant (à l'école, à la maison, chez le dentiste ou chez Mamy ... les signes doivent être présents de la même façon) c'est pour cela que l'on parle de "trouble envahissant du développement".
Il est également important de dire que certains traits autistiques comme le balancement, les stéréotypies, les écholalies jalonnent le développement normal des enfants et disparaissent au profit d'apprentissages, de la gestion des situations et de l'anxiété au cours des Ages.
Le fait que vous ne retrouviez pas ces symptômes décrits par la maîtresse chez vous est donc bon pronostic et signifie que votre fils éprouve un malaise à l'école.
Les enfants qui présentent des troubles auditifs peuvent manifester des symptômes de repli et troubles du comportement, voire certains traits autistiques légers tant qu'une correction totale n'est pas pratiquée.
La provocation, quant à elle, n'est pas du tout synonyme d'autisme, mais plutôt de trouble du comportement visant à attirer l'attention sur soi pour traduire son mal être. Il faudrait savoir ce que la maîtresse entend vraiment par la.
Généralement les enseignants ont l'oeil sur ce qui sort de la moyenne. Il apparaît peut être des perturbations auditives nouvelles. Vous avez bien fait de prendre rdv auprès de professionnels car s'il existe des difficultés chez votre fils, elles seront plus rapidement accompagnées.
Courage et pugnacité !
Céline Lemesle, Psychologue
La directrice de la garderie a aussi constaté qu'il est très timide et m'a dit qu'elle lui accorde plus d'attention, lui parle plus et du coup lui-même lui parle beaucoup plus.
Lorsqu'il arrive à l'école son comportement change de façon physique très visible: il se cache le visage avec un bras, baisse la tête et fuit le contact (chose qu'il ne fait pas du tout à la maison ou quand on sort).
De plus, j'ai appris qu'une petite dans sa classe a intégré l'école mi-octobre et elle est autiste profonde. Est-ce que ça peut avoir un rapport? Car mon fils me parle de cette petite: Luna elle se balance, Luna elle crie, Luna elle dit "iké"....
Mon fils avait déjà fait une toute petite section l'an dernier qui s'était pas trop mal passée, à la rentrée de 2014 il était très bien et n'avait pas peur d'aller à l'école et bizarrement ça s'est dégradé depuis octobre.
L'intégration des enfants avec autisme à l'école classique n'est pas toujours évidente mais à terme, la tolérance des parents et la formation des enseignants sur le sujet s'avèrent essentiels à l'équilibre de notre Société.
Car, selon moi, apprendre au plus jeune Age aux enfants la différence est un gage de richesse inestimable pour leur vie entière.
Bonne suite.
Céline Lemesle, Psychologue