Bonjour Docteur,
Il y a près d'une semaine que je suis rentrée avec mon époux d'une absence justifiee et inévitable de 3 semaines.
Un couple de parents (qui nous ressemble étrangement) c'est porté volontaire pour garder nos enfants de 18mois et 4 ans.
La séparation fut par moment difficile pour l'aîné, de nature timide dans l'expression de ses sentiments, mais nous avions bien travaillé et discuté avant et après de la séparation. Et la tata qui s'occupait d'elle, adepte de l'éducation non violente, veillait toujours à discuter avec elle. Sa gestion de la séparation ne m'inquiète pas pour le moment. Mais je souhaites avoir vos conseils quant à la gestion post-séparation (longue) avec elle.
Aussi, c'est le cas de mon fils de 18mois qui m'inquiète le plus. Il est de nature particulièrement expressive mais comprends très bien nos dialogues. Il a été allaité presque exclusivement jusque ses 15 mois. L'arrêt se préparait depuis des mois avec la diversification et tout plein de techniques différentes par la suite. Rien n'y faisait, bien qu'il mangeait tout sans aucun soucis, il refusait de quitter le sein (qu'il prenait comme doudou) 5/6 fois par jours ET nuit. Une technique fut radicale et efficace il faut le dire. Je faisait mine d'avoir mal au sein. Il comprenait le sens de "bobos". Et c'est ainsi que d'un allaitement à l'autre il fut sevré. Ainsi le contexte est posé. Croyais bien que si j'aurais pu éviter notre absence, je l'aurais fait pour leur bien être et le mien. Et la séparation à eu lieu.
Ainsi, lors de la séparation, la tata me raconte avoir vécu une période particulièrement éprouvante les 4 premiers jours.Il faisait de crises de colère toutes les journées. Je ne sais pas encore pour les nuits. Puis lorsqu'il a compris que nous ne viendront pas, il s'y est fait et la suite du séjour s'est déroulé à merveille.
À nos retrouvailles il était littéralement choqué. On voyait dans son visage expressif le mélange des sentiments, l'incompréhension totale, la sidération même. Il a bien mis 45mn à réaliser que son papa était là. Pour moi s'est autre chose.
Les 2 premiers jours qui ont suivi nos retrouvailles il ne prononçait que le nom de son papa. Le troisième il m'appelait par mon surnom et me faisait volontier de tendres bisous. Et ses trois derniers jours il montre un comportement violent. D'abord envers sa sœur, qu'il prends comme rivale. Impossible de partager les câlins. S'il tribuche, elle devient la fautive et l'a pince. Hier, ce fut au tour de son père d'être rejeté. Et pourtant il n'avait d'yeux que pour lui lors de nos retrouvailles. Ce que je comprends. Il n'accepte plus ses calins. Il souhaite que je m'occupe exclusivement de lui et exprime ses besoins qu'en tempête.
Forcément je ne peux que comprendre et avoir de l'empathie pour mes enfants et chacun traduis ses émotions à leur manière. Je ne souhaite pas culpabiliser car je n'ai pas de raison de le faire. Mais c'est particulièrement tentant.
Comment gérer au mieux la situation ?
J'ai du mal à rester ferme face à cela je me sens d'ailleurs désemparée... Comment réagir lorsqu'il hurle et refuse tout ? Je vois bien ça souffrance et je lui dit que je la voit. J'exprime ma compréhension. Mais j'ai peur qu'il profite de la situation pour tenter de repousser les limites de nos règles de vie.
Mon mari me demande d'être moins empathique il sent que je culpabilise. Que je lui donne trop les câlins qu'il réclame pour un rien lui semble t il. Mais n'est ce pas justifié ? Peux tu on refuser de continuer un câlin même si ça dure des heures ta dis que l'enfant le réclame ? J'ai peur de ne pas satisfaire ses besoins primaires. Comment les satisfaire en cette période difficile ? À présent la mise au lit redevient un moment difficile, car ça l'était qq mois avant notre départ et depuis tout bébé...
En vous remerciant d'avance.
Votre fils de 18 mois à en effet dû négocier avec un vécu abandonnique transitoire mais qui l'a laissé sur ses gardes à votre retour. La sécurité affective que vous lui offfrez aujourd'hui est en effet de bon aloi pour "tricoter" un lien plus solide avec lui.
En revanche, il me semble que votre mari est sur la bonne piste, non pas sur le sujet d'être moins empathique mais sur la question de la fermeté bienveillante.
Lorsque votre fils se perd dans vos bras indéfiniment c'est presque un aveu de fragilité de votre part (culpabilité qui l'inquiète) et par conséquent du lien entre vous et votre fils, c'est comme si il devait se préparer à se séparer de nouveau de vous.
Il est très important de ne rien changer au contraire, de faire comme avant pour conserver une stabilité, un socle de repères sur lesquels il avait l'habitude de s'appuyer avant votre départ et qui caractérisait votre lien solide.
En somme, puisez dans vos souvenirs sur la façon dont vous procédiez avec vos enfants avant votre départ et faites strictement pareil! Cela les rassurera et dédramatisera la situation.
Bonne suite
Céline Lemesle, Psychologue
Je vais tâcher d'appliquer vos précieux conseils.