Bonjour,
Je vis une période difficile car je suis tombée enceinte accidentellement(expulsion non remarquée de mon stérilet)il y a 7 mois. Comme j'ai déjà deux enfants et 39 ans (et que je voyais ma famille comme complète à ce moment), j'ai pris la douloureuse décision d'avorter(prise de panique: comment s'occuper bien de 3 enfants?, angoisse d'un enfant anormal, angoisse de négliger mes deux premiers enfants qui ont 4 et 7 ans, etc;). Cependant, 5 mois après, même si j'ai accepté les raisons qui m'ont poussée à l'avortement (grossesse accidentelle trop angoissante), j'ai développé une grande envie de troisième enfant. Mon compagnon me suivrait sans être très chaud. Mais les questionnements me torturent toujours: est-ce raisonnable vu mon âge et celui de ma mère (68 ans),mon grand soutien?
Que faire pour prendre la bonne décision sans le regretter par la suite (d'une part, j'ai quand même très peur car je m'imagine pouvoir me retrouver un jour seule avec trois enfants: on ne sait pas ce que la vie réserve / d'autre part, je n'ai pas envie de regretter à vie ce troisième enfant)
C'est une vraie torture mentale car j'ai très peur de ne pas être à la hauteur (je suis de nature très angoissée et perfectionniste et j'aimerais que mes enfants aient un niveau de vie correct / mon mari et moi sommes enseignants).
Je n'avais pourtant jamais pensé à avoir trois enfants avant cet avortement.
Que faire pour retrouver ma sérénité et prendre la bonne décision?
Merci d'avance!
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Publié le:
11/08/2023
Votre question est délicate car elle relève du désir et par définition, cela est très personnel, subjectif et certainement pas raisonnable!
Je perçois à travers votre récit pour autant un certain sentiment de culpabilité en toile de fond.
Sentiment, qui viserait peut être à "réparer" votre décision, prise avec empressement face à l'angoisse suscitée.
Je crois qu'il est possible d'envisager sa vie de façon positive lorsqu'elle se trouve équilibrée. Vous avez deux enfants qui semblent vous rendre heureuse, un mari compréhensif ... Et vous pourriez des lors profiter de cette situation.
Nous pourrions laisser là cette discussion, mais c'est probablement plus compliqué. Je m'explique.
Lorsqu'une grossesse s'invite, certains psy considèrent que la venue de cet embryon signe le désir inconscient d'enfant, probablement d'ailleurs ces grossesses atypiques seraient les plus désirées.
Aussi, si l'on s'en tient à cette version psychologique, il serait intéressant de vous questionner sur ce qui a pu vous empêcher de songer a un troisième enfant par le passé.
Je parle non pas de raisons matérielles ou objectivables en lien avec votre vie réelle et matérielle, mais plutôt de raisons personnelles, affectives, liées à votre dynamique familiale, à votre position dans votre famille originelle voire votre fratrie...
Si cette hypothèse retient votre attention, la réponse à cette question pourra probablement vous soulager et vous conforter dans le choix d'avorter ou bien au contraire vous permettra d'amorcer de nouveaux projets de maternité.
Il est vrai qu'avoir un enfant après 38-40 ans a pour incidence une baisse notable de la fertilité et davantage de probabilité d'avoir un enfant porteur d'un handicap.
Concernant la trisomie, sachez qu'il existe aujourd'hui des tests fiables sanguins et que l'amiosynthese n'est plus requise obligatoirement à 36 ans. Elle est proposée en fonction des résultats sanguins et entreprise avec l'accord parental.
Gardez toutefois en tête que les statistiques vont dans un sens favorable pour ce qui concerne l'avènement d'enfant en bonne santé lorsque la maman se situe à la quarantaine.
Je pense qu'un désir d'enfant franc et assumé ne saurait être freiné par la peur de tout ce qui pourrait arriver tant pour l'enfant, que pour la maman et vis à vis de l'environnement quotidien.
Les résistances signent une certaine ambivalence (je veux mais je ne veux pas en même temps). Parallèlement lorsqu'un désir d'enfant net est frustré, les parents portent en eux une grande amertume qui devient regret.
J'espère que ces pistes de réflexions sauront vous guider dans votre questionnement et vous permettre ainsi de faire la part véritable entre ce qui est de l'ordre du sentiment coupable ou du désir révélé.
Cordialement
Céline Lemesle, Psychologue
Un grand merci.
:)
Merci pour ces messages, cela aide.
Voila de nombreuses années que j'ai un désir d'enfant. J'ai maintenant presque 37 ans et je suis en couple depuis 6 ans et demi. Mon compagnon pour de multiples raisons (uniquement lièes à ses problématiques personnelles) ne cesse de repousser mes demandes d'enfant tout en continuant de me promettre que l'on fera un enfant. Mais c'est toujours "plus tard". Il y a maintenant 7 mois, je suis tombée enceinte, involontairement mais mon désir d'enfant était si fort qu'il paraît évident que cet accident était un effet de mon inconscient, donc pas tellement accidentel que ca ... Tout en sachant que ce serait difficile de faire accepter cette grossesse à mon conjoint, je n'ai pu m'empêcher d'être heureuse, de m'imaginer déjà la chambre de mon enfant, ma vie avec lui. Cependant sa réaction a été horrible, pire que tout ce que j'avais imaginé ... je n'ai pas eu le choix et je me suis sentie obligée d'avorter. Au début, le premier mois, je l'ai bien vécu, sachant que je faisais le bon choix pour mon enfant. Je ne pouvais pas le faire venir au monde dans ces conditions, avec un tel refus de son père. Mais maintenant, je suis obsédée par l'idée d'avoir un enfant, j'y pense tout le temps. Je pleure très souvent (alors que ce n'est pas du tout dans mon tempérament), je fais des cauchemars, je jalouse (avec bienveillance) mes amis qui sont enceintes ou ont des enfants, j'ai même parfois des sortes d'absence, des sensations d'irréalités ... J'ai le sentiment que ma vie est vide. Et j'ai peur, vu mon âge de ne pas avoir d'enfant. J'ai eu une enfance très difficile avec beaucoup de manque affectif, et pour la première fois de ma vie j'ai un sentiment d'injustice sur cette vie sans affection et d'avoir eu une vraie vie de merde ! Je suis toujours avec mon conjoint, même si notre relation a beaucoup changé (j'ai de la rancoeur contre lui même si je fais en sorte de la garder pour moi car les reproches n'aident pas à améliorer une situation) mais j'ai toujours l'espoir qu'enfin il accepte d'avoir un enfant avec moi. Normalement en septembre s'il ne trouve pas une nouvelle excuse ... Cette obsession d'avoir un enfant après une IVG non véritablement voulue est-elle normale ? (une amie a vécu exactement la même chose). J'ai l'impression que faire un enfant résoudra tous ces problèmes, que je ne serai plus triste, que ma vie aura enfin un sens et que je serai à nouveau comme avant avec mon conjoint, est-ce irréel ? Est-ce simplement mon désir d'enfant qui est trop fort, d'où ma tristesse et qui sera résolu lorsque ce désir sera enfin accompli ? Mon amie qui a vécu la même chose va très bien maintenant qu'ils ont eu un enfant.
Merci de votre retour.
La psychologie clinique montre que bien souvent, les vieux schémas se rejouent à l’age adulte.
Il demeure toujours difficile de sortir de ses sillons émotionnels familiers même lorsqu’ils apparaissent dysfonctionnels. Il faut beaucoup de travail psychique pour les modifier.
Concernant votre couple et votre désir d’enfant, il semble que vous n’embrassiez pas les mêmes objectifs de vie pour le moment. La question est de savoir, si pour votre conjoint cela est une question de temps ou plutôt si cela est une question pour toujours...
S’il n’y a pas de raison pour que vous renonciez à votre désir d’enfant, il en est tout autant pour lui. Il est probable que ce frein le protège d’angoisses importantes concernant la Parentalité.
De mon expérience clinique, « contraindre » un homme à avoir un enfant génère par la suite un désinvestissement parental douloureux pour tous, et des difficultés de couple à venir.
Ce projet doit, autant que possible, reposer sur un désir commun à un moment de vie jugé opportun pour le couple.
S’il a besoin de temps, vous avez toujours la possibilité de vous en remettre à la science et faire appel à un centre de PMA pour conserver vos ovocytes dès maintenant.
Pour le reste, c’est à vous d’évaluer si ce désir est essentiel ou non pour vous. S’il l’est pour vous et incompatible avec lui il faudra probablement en tirer les douloureuses conclusions qu’une séparation est nécessaire. Il est probable à vous lire que cet homme vous apporte un certain équilibre par ailleurs. Il faudrait sans doute que vous vous questionniez sur cet équilibre.
Bien à vous
Celine Lemesle
Céline Lemesle, Psychologue
Je viens de voir le message initial de cet échange et je me suis reconnue quasiment en chaque mot : 37 ans. 2 enfants de 4 et 7 ans. Stérilet qui saute (visiblement lié à une aspiration de la cup.. ). Avortement parce que mon époux n'était pas prêt et avait de grandes angoisses quant à l'avenir de cet enfant (santé) et au nôtre. J'ai attendu jusqu'à la dernière seconde qu'il fléchisse. Il ne l'a pas fait.
De mon coté, j'ai aussi pensé douloureusement à "que se passerait-il pour le survivant si l'un de nous deux décédait..?". J'avais peur d'offrir à tout le monde une maman vieille (approcher la cinquantaine à ses 10 ans...), débordée et au bout du rouleau. J'avais pas envie de m'oublier encore et encore. Je n'ai aucune aide familiale. Zéro. Et nous travaillons tous les deux.
Au-delà, je ne me suis pas sentie de lui imposer ce qui semblait insurmontable pour lui. Et je ne pouvais faire cela.
J'ai avorté il y a 3 jours. Je ne dors plus. Je pleure sans cesse. Je me sens vide. Je l'ai fait à reculons. J'ai envie qu'il soit là. Je sens un désir d'enfant que j'ai choisi volontairement d'ignorer en faisant ce geste, exploser dans mon coeur maintenant.
Entre désespoir, rancoeur et une infâme culpabilité, je ne sais comment remonter la pente.
J'ai dit à mon mari que je lui en voulais. Il accepte pleinement. Il fait tout pour me soulager. Il reconnaît que c'est sa décision et non la mienne. Il me dit "Ne t'en veux pas, je t'ai donné le fusil et t'ai dit d'appuyer". Mais j'ai lâchement appuyé. Je ne me le pardonnerai jamais.
Je pense avoir cette envie de bébé au fond de moi et qu'elle va croitre. Mais au fond c'est CE BEBE-LA que je veux. Pas un autre.. et c'est trop tard.
Quel incroyable gâchis. J'ai brisé sa petite vie. J'ai brisé la mienne.
Comment survivre à une telle culpabilité ?
Merci,
C.
Je me reconnais dans vos commentaires.
J'ai subi une IVG il y a 1 an après une détection d'infection au CMV et sur conseil médical malgré un test d'avidité rassurant sur les risques de transmission au foetus (descendus à 1%). J'ai immédiatement regretté d'avoir suivi ces conseils basés sur l'angoisse et la vulnérabilité dans laquelle on se trouve en début de grossesse. Je me suis remise petit à petit en me disant que nous pouvions à nouveau essayer. Je suis retombée enceinte quelques mois plus tard, ce qui m'a fait plonger dans les 2 mois d'angoisse les plus terribles de ma vie où mon cerveau essayait de me convaincre que ce désir était déraisonnable, que je risquais d'avoir un enfant anormal, de faire exploser ma famille, que je ne voulais pas de cet enfant et que je devais à nouveau avorter. J'ai finalement fait une fausse couche à 2 mois de grossesse, ce qui a soulagé mes angoisses mais m'a fait sombrer dans une dépression profonde avec d'immenses regrets de mon IVG et le sentiment que je ne pourrais plus psychologiquement vivre une grossesse sereinement. Pourtant, je n'arrive pas à faire le deuil de cette dernière grossesse. Je voulais et veux toujours vraiment ce dernier enfant (j'en ai déjà 3, tout le monde me dit de m'en tenir là...). Je veux prolonger cette joie de la création d'un enfant et de leur vitalité à la maison. Mais j'ai peur de replonger dans l'angoisse et l'idée qu'il faut avorter si je retombe enceinte. Comment surmonter cette appréhension et me remettre sur pied pour envisager à nouveau des essais?
Un grand merci d'avance pour votre soutien et vos conseils!
Je me retrouve dans la même situation que le premier commentaire. Deux enfants de 7 et 4ans (parfois difficile car un peu seule à mettre des règles , peu soutenus dans les remises a l’ordre :le papa intervient quand on est déjà tous à bout). L’assurance de ne pas vouloir en faire un 3eme: je fais tout à la maison, je suis fatiguée; mon aîné me dit ne pas vouloir d’autre petit frère ou sœur car a peur que je ne m’occupe plus de lui (il est hypersensible et c’est parfois difficile à gérer car il gère mal ses émotions encore) et j’ai vraiment peur de « le perdre »;je suis issue d’une fratrie de 3 , j’étais au milieu et bien que j’ai toujours trouvé que c’était une chance car je pouvais à la fois faire des choses de grand avec mon grand frère et rester encore enfant avec ma petite sœur , j’ai mal vécue cette place enfant et adolescente car je ne me sentais pas aimée, j’avais l’impression que tout était pour l’un ou l’autre, je ne souhaite pas que ma deuxième ait ces sentiments (je me souviens d’épisode où j’étais vraiment triste et en colère); je ne souhaite pas revivre ce schéma familial car de plus j’ai perdu mon grand frère brutalement il y a 5 ans ( j’ai trop peur de revivre mon enfance à travers eux, moi qui suis déjà très nostalgique). D’autres raisons m’ont poussé dans ce choix ( nos âges 36ans, je n’avais pas envie de revivre une grossesse, la possibilité que mon mari veuille repartir dans son pays natal et me laisser ici avec 3 enfants , etc)
Mon mari m’a soutenu dans le fait de suivre ma décision, il me disait si tu le veux je veux si tu n’en veux pas c’est ok aussi prends ta décision pour toi. Sauf qu’en disant ça j’ai l’impression de ne pas avoir été soutenue justement car c’est à moi qu’est revenu ce choix.
Je ne comprends pas pourquoi je suis allée au bout de ça car je me suis toujours dit que c’est qqch que je ne ferais jamais. J’en ai voulu à mon mari car il m’a laissé faire alors qu’il savait que je ne voulait pas avorter. Cette grossesse est arrivée par accident mais je n’arrête pas de me dire que j’aurais dû l’accepter. Je n’ai rien ressenti pour ce qui était là, dans mon ventre. Je ne l’aimais pas et je me sens monstrueuse pour ça. Le jour de l’intervention j’ai beaucoup pleuré, j’ai dit à l’infirmière que je ne voulais pas faire ça et que je ne voulais pas d’une autre grossesse, d’un autre enfant. On m’a demandé si je voulais du temps pour réfléchir tout en me disant que ça ne changerait rien à ma décision car j’avais l’air sûre de moi. Sauf qu’en réalité je ne l’étais pas du tout. J’ai pleuré jusqu’à ce qu’on m’endorme. On m’a demandé si j’étais au clair avec l’intervention j’ai dit non et me suis mise à pleurer. Je me sens lâché de ne pas avoir réussi à leur dire stop on arrête je ne veux pas faire ça.
Et effectivement maintenant que c’est fait je le regrette énormément, je ressens un vide, je me dis que s’il s’est « accroché » c’est qu’il devait être là, que je n’avais pas le droit d’arrêter une vie.
Pour moi j’ai rejeté mon enfant et j’ai honte de moi. J’ai l’impression de ressentir maintenant de l’amour pour lui mais trop tard.
Les amies à qui j’en ai parlé me disent que j’ai fait le choix de la raison, que j’ai pensé à mes enfants dans ce choix mais moi j’ai le sentiment que ce n’était que de mauvaises raisons.
Maintenant j’ai l’impression de vouloir cet enfant qui ne pourra plus jamais être là.
J’ai l’impression de le vouloir ce 3eme mais celui que j’ai fait partir. C’est horrible comme sentiments. Je sais bien que c’est trop tard et je me dis que je n’ai pas le droit d’en vouloir un autre. Pourquoi avoir refuser celui ci qui était là et en faire un autre?