Bonjour,
Je suis mère de deux enfants et ai le désir d'un troisième enfant dont mon mari ne veut pas. Cela me plonge dans une détresse morale que je n'aurais pas soupçonnée. Je suis en analyse pour traverser cette étape douloureuse. Psychologue moi-même (les cordonniers etc, etc), je cherche des lectures pour avancer sur ce que vous avez si justement nommé le deuil du désir de maternité. D'avance merci.
Article 3 : La vie de famille et la dynamique fraternelle avec les enfants HPI
Le stress de votre enfant HPI, décrit comme « hypersensible et susceptible », peut influencer et « déteindre » sur le comportement des autres membres de la famille. Cet enfant peut accaparer la parole, provoquer des conflits.
Comme je l'ai évoqué dans l'un de mes articles sur le sujet, il existe peu d'ouvrage précis mais, il me semble que vous trouverez quelques réponses à vos questions, à travers des auteurs comme :
Michel Hanus qui a beaucoup travaillé sur le deuil en abordant plusieurs axes:
-le deuil de l'enfant à venir déjà investi par les parents, en tant que perte de la part narcissique.
-l'interruption du processus de parentalité en tant que deuil de la fonction maternelle et paternelle, obligeant les parents au désinvestissement progressif de l'enfant. Il traite ici de la dimension ambivalente liée à la relation entre la mère et l'enfant, ce qui fera écho à la perte du bébé dans la réalité. Parfois cela fera naitre le sentiment de culpabilité.
J'apprécie particulièrement Marie-José Soubieux que j'ai eu la chance de rencontrer à l'IPP du 14ème à paris et qui mène des groupes de parole auprès de mères endeuillées (dans la réalité). Elle a notamment écrit un excellent livre sur le sujet « le berceau vide », Eres. Elle y aborde aussi plusieurs modalités :
-Un premier axe, considérerant que le foetus est en soi objet mélancoliforme, faisant partie intégrante de la mère. Sa perte comporte un risque mélancoliforme en tant que partie de soi, indifférenciée.
-Un second axe, traitant du non accomplissement d'une partie de soi, renvoyant à un sentiment d'échec : celui de ne pas avoir pu mener à bien ce projet.
JP Legros parle quant à lui de «la part de l'inconsolable » : dans ce deuil, quelque chose reste inachevé, en suspend.Il se situe en lien avec la question du transgénérationnel.
Je pense également à Irving G Léon dans « devenir », 1996, qui regroupe ces différentes thématiques dans un modèle multidimensionnel à 4 axes, deux d'entre eux pourraient vous intéresser :
-le modèle développemental: au décours de la grossesse, il réinterroge les expériences de la petite enfance. Ce temps de maturation psychique, véritable crise identitaire inaugure la réélaboration de la problématique oedipienne, sur le mode rivalité et agressivité envers la mère pour la fille. C'est la 3ème phase de séparation-individuation après la phase du « non » chez l'enfant, puis dans l'adolescence (remaniements narcissiques et objectaux). Dans le deuil périnatal,la perte du bébé interrompt ce travail développemental, d'où le désir de certains couples de poursuivre ce travail de grossesse et d'en trouver la résolution rapidement à travers la venue d'un nouvel enfant.
-le modèle du narcissisme : le foetus fait psychiquement et physiquement partie de la mère. Il existe aussi une sorte d'investissement narcissique de la grossesse en soi en tant qu'affirmation d'une féminité, ou encore d'une défense par rapport à des angoisses de mort (si je donne la vie, je deviens immortelle). La perte de l'enfant traduit une grande impuissance et blessure narcissique face au deuil, donnant parfois lieu à de la rage.
Enfin, j'ai beaucoup appris en lisant Monique Bydlowsky, à travers son ouvrage clef sur la transparence psychique durant la grossesse, elle me semble être pionière en périnatalité et tout à fait accessible. Elle a probablement traité de ce sujet.
Vous souhaitant bonne suite dans vos recherches ainsi que dans votre parcours personnel,
Bien à vous,
Céline Bidon-Lemesle.
Céline Lemesle, Psychologue
Cordialement,
Caroline